La fouille, menée sur 4 hectares, livre un grand enclos d’habitation, ainsi que des traces d’activités domestiques et artisanales, notamment une zone de forge.

Dernière modification
11 avril 2016

Une fouille préventive est actuellement menée par l’Inrap sur les communes de Bédée et Pleumeleuc, à la hauteur des lieux-dits Les Gabrielles/Le Meslier. Les archéologues ont mis en évidence un domaine rural antique, dont l’organisation spatiale apparaît très structurée : système parcellaire, voies, fossés. La fouille livre un grand enclos d’habitation, ainsi que des traces d’activités domestiques et artisanales, notamment une zone de forge. Prescrite par le service régional de l’Archéologie (Drac Bretagne), l’opération a démarré en février 2016 et s’achèvera fin avril. Elle est menée en amont de l’aménagement du parc d’activités du pays pourpré en Brocéliande par Montfort Communauté et couvre environ 4 hectares.

Un enclos d’habitation et une forge

Bien que le site ait été fréquenté dès l’âge du Bronze  (autour de 2000 avant notre ère), les recherches actuelles se concentrent sur l’occupation antique (Ier-IIIe siècle ap. J.-C). Un vaste domaine rural gallo-romain a été mis en évidence. Il est structuré par un réseau de fossés formant un système parcellaire. Au nord de l’emprise, un grand enclos rectangulaire (plus de 100 m de long et 50 m de large) correspond à une zone d’habitat. Des traces de bâtiments construits sur poteaux, en matériaux périssables (torchis) et couverts de tuiles à la romaine (tegulae), ont été identifiées.
Les archéologues ont aussi décelé de nombreuses fosses d’extraction d’argile utilisées pour confectionner les murs des maisons. Après usage, ces fosses ont servi de dépotoirs et elles livrent un mobilier archéologique varié : tessons de poteries diverses, rejets de foyer, fragments de terre cuite, clous en fer, os brûlés, etc. La découverte de pesons en terre cuite et de poids en granite signale des activités de tissage sur le site. Un ensemble de fours et de foyers témoigne d’activités domestiques (cuisson des aliments) ou artisanales (grillage de céréale…).
En dehors de l’enclos, la présence d’une zone dédiée à une activité de métallurgie, probablement une forge, est attestée par la découverte de scories (déchets métalliques) dans des fosses. Les traces du bâtiment de forge ont été repérées au sol, sous forme d’empreintes de trous de poteaux.

Une halte le long d’une voie de circulation ?

Plus au sud, le long de la route départementale 72 (parallèle à la 4 voies Rennes-Saint-Brieuc), les archéologues ont découvert une voie romaine inédite d’environ 12 m de large, délimitée par deux fossés parallèles, orientés est-ouest. Cet axe de circulation, inconnu à ce jour, a semble t-il marqué le paysage durablement puisqu’un chemin creux encore en usage au XIXe siècle reprend en partie son tracé. Autre élément remarquable : un mobilier particulièrement abondant et varié (céramique, verre, métal et faune) a été recueilli sur le bas-côté de la voie antique, à hauteur d’un petit enclos délimité par un fossé. Cette installation pourrait correspondre à un gîte d’étape ou un relais permettant le repos et le ravitaillement des hommes et des bêtes. Ce type de structure, assez répandu le long des voies en Gaule romaine, n’a été que très rarement identifié en Bretagne. Enfin, quelques sépultures à incinération ont aussi été retrouvées le long de la voie.
Après la phase terrain et parallèlement à l’étude du site gallo-romain, des analyses de sédiments permettront aussi d’étudier l’organisation et l’évolution du paysage dans le secteur de Bédée et de Pleumeleuc, communes riches en vestiges archéologiques de toutes les périodes.

Aménageur Montfort Communauté
Contrôle Scientifique Service régional de l'Archéologie, Drac Bretagne
Recherches archéologiques Inrap
Directeur adjoint scientifique et technique Michel Bailleu, Inrap
Responsable scientifique Yoann Escats, Inrap