Le four à chaux antique des Lignères a été repéré sur la commune de Baillargues, à l’est de Montpellier, lors d’un diagnostic mené en 2012 dans le cadre du déplacement de l’autoroute A9.

Dernière modification
23 août 2017

 Il a ensuite fait l’objet d’une fouille préventive.

Un four à chaux installé dans un aven

Cet ouvrage se trouve à 200 m au sud de la voie Domitienne, dans un espace dépourvu de toute trace d’habitat contemporain. Il a été implanté dans un aven qui a tenu lieu d’espace de travail aux chaufourniers. Il devait être alimenté en blocs de calcaire ramassés alentours ou extraits des affleurements voisins.  

De plan circulaire (3,30 m de diamètre), le four est conservé sur 2,20 m de hauteur. Le fond est équipé d’un couloir-foyer d’environ 2 m de long pour 47 cm de large et 70 cm de profondeur. Une partie de la chaux vive produite a été retrouvée sur les cendres accumulées au fond du couloir-foyer. Vers l’est, l’ouverture du couloir est marquée par deux entrées superposées, bâties avec des blocs grossièrement équarris ou en remploi. De la gueule d’enfournement supérieure, il ne reste que le bloc d’appui qui sert également de linteau à l’ouverture sous-jacente.  

Dans les comblements d’abandon de la chambre, des tuiles et de nombreux fragments de terre cuite ont été observés. Ces matériaux appartiendraient à la couverture du four, reconstruite après chaque chargement.  

D’honnêtes performances pour un ouvrage assez ancien

Avec une surface de 7,8 m2, cet ouvrage se situe dans la moyenne de ceux qui sont connus dans la région. Il présentait sans doute un profil en dôme culminant à 1,50 m environ au-dessus de l’arase des parois. Son volume de 23 m3 permettait la fabrication de 15 m3 (soit près de 11 tonnes) de chaux vive. La proximité de la voie Domitienne fut certainement propice à l’écoulement de sa production.  

Deux datations par le radiocarbone – l’une pratiquée sur la couche charbonneuse du couloir-foyer et l’autre sur les surfaces de circulation découvertes dans l’aven – marquent l’usage du four entre les années 30 et 140 de notre ère. Ces valeurs le classent parmi les plus anciens fours à chaux observés. Dans le sud-ouest, sur le site de Larajadé (Auch, Gers), un four similaire est connu pour la même période.

Les exemples du sud de la France sont plus tardifs. À Saint-Gilles-du-Gard (Espeyran, Gard), aux Marouchs (Villeveyrac, Hérault) ou aux Fédons (Lambesc, Bouches-du-Rhône) les fours à chaux qui ont été fouillés sont datés de la fin de l’Antiquité ou du haut Moyen Âge.