Au lieu-dit le Camp Capron, des prospections pédestres avaient mis en évidence une petite villa romaine (domaine agricole antique). Les opérations archéologiques de 1997 et celles de 2012 ont montré une réalité plus complexe, puisque l'occupation du lieu débute dès la période gauloise, se poursuit au moins jusqu'au IIIsiècle de notre ère sans interruption, puis reprend sous une forme différente au cours du Moyen Âge, entre le VIIIe et le XIe siècle. Les vestiges de cette dernière période démontrent le statut particulier du site, positionné dans une zone de frontière.

Dernière modification
10 mai 2016

UNE OCCUPATION GAULOISE PÉRENNISÉE PENDANT L'ANTIQUITÉ

Les vestiges les plus anciens permettent de supposer que le site est habité dès l'époque de La Tène, mais il est impossible d'identifier la nature de l'occupation.
Sans interruption, le site continue à être occupé à l'époque romaine. Il subsiste de cette période un foyer et des fosses ayant servi de dépotoirs, vestiges auxquels s'ajoute un four fouillé en 1997. Le site se trouve alors dans la périphérie d'un ensemble plus vaste, sans doute la villa romaine signalée par les prospecteurs.

UN HABITAT AU STATUT ÉLEVÉ

Après un abandon de plusieurs siècles, le site est réoccupé à l'époque carolingienne (à partir du VIIIe siècle) avec un léger décalage vers le sud : les vestiges s'étirent sur le versant et n'occupent plus le point haut. Ils correspondent à un habitat principal protégé par un enclos fossoyé et, à l'extérieur de l'enclos, à des zones de travail et à des secteurs d'habitat avec des constructions sur poteaux.
La nature de l'habitat principal se devine au travers de la qualité des vestiges mobiliers. Des fibules décorées au filigrane d'or et de nombreuses verroteries (à une époque où le verre est un luxe) témoignent d'une certaine aisance.
En périphérie, on retrouve des ensembles plus modestes, qui sont de l'ordre du domestique, de l'agricole ou de l'artisanal. Le type de structures rencontrées est lui aussi plus ordinaire : des puits, des silos et des aires d'activités variées.
L'organisation du site de Marieux est assez classique pour l'époque considérée, à savoir un habitat fortifié, sensément demeure d'un personnage dominant, accompagné d'une basse-cour qui rassemble les habitations et les activités des gens ordinaires. Le site est abandonné sans raison apparente au cours du XIe siècle.

MAISON FORTE ? MOTTE FÉODALE ?

Il est actuellement impossible de dire si le site correspond à une maison forte ou à une forme primitive de motte féodale. Trois sites de la même époque et de nature semblable ont été fouillés ces dernières années à Coullemont (voir notice dans cet Atlas), à Lauwin-Planque et à Méaulte. Ils permettent de projeter certaines hypothèses pour interpréter le site de Marieux.
Pour ce dernier, comme pour celui de Coullemont, l'une des particularités tient à sa position à proximité de l'ancienne voie romaine Amiens - Arras et de la vallée de l'Authie. Elles ont très longtemps servi de frontière : à l'époque romaine, entre la cité des Atrébates (chef-lieu : Arras) et celle des Ambiens (chef-lieu : Amiens) ; au Moyen Âge, entre le royaume de France et le comté de Flandres. La position du site de Marieux pourrait donc être celle d'une sentinelle le long de cette limite disputée.