L'Inrap mène une fouille à l’angle de la rue du Cadereau et de l’avenue Jean-Jaurès à Nîmes, en amont de la construction d’un immeuble par la société Tricontines. Après une occupation rurale qui prend fin au Ier s. av. J.-C., le site est densément urbanisé jusqu’à la fin du Haut-Empire romain, au IIe s. ap. J.-C. Par la suite, le secteur est remis en culture jusqu’au milieu du XVIIIe s et la reprise urbaine du quartier.

Dernière modification
20 juillet 2023

Un quartier en devenir au sud de la ville gauloise de Nemausus

Dès le Ve s. av. J.-C., ce secteur est occupé par une campagne viticole. Les fouilles réalisées par l’Inrap au parking Jean-Jaurès en 2007 ont permis d’en documenter de nombreux vestiges. À cette époque, la ville est située plus au nord, autour de la Fontaine, sa limite méridionale ayant été documentée en 1987 par les recherches menées lors de la construction du parking de la place Jules Guesde. L’agglomération est protégée à cet endroit par un simple fossé défensif qui pourrait traverser la parcelle fouillée. Dans la première moitié du IIe s. av. J.-C., cet espace périurbain est réorganisé avec la création d’un nouveau réseau viaire dont l’un des axes pourrait constituer un tronçon de la voie Domitiennne. Celle-ci organise dès lors le nouveau parcellaire. Après la conquête de la région par Rome, des faubourgs occupent progressivement ce secteur, ils accueillent des activités artisanales, et notamment plusieurs unités de forges.


 

L’évolution d’un îlot urbain du Haut-Empire

Sous le règne de l’empereur Auguste, une nouvelle enceinte, enserre Nîmes sur une superficie de 220 ha. Ainsi, l’emprise de la fouille se situe au cœur du secteur intra-muros de l’agglomération antique. Le quartier, loti à un rythme conséquent, devient un espace dynamique, bordé par la voie Domitienne qui structure la ville depuis sa construction.
La moitié nord de la parcelle fouillée est occupée par les aménagements d’une domus dont le plan est centré autour d’une probable cour. La plupart des pièces présentent des sols en béton et des enduits peints sur les murs. La salle la plus à l’est de cette domus montre un sol mosaïqué polychrome à décors géométriques. Plus au sud, cette maison est aussi équipée d’une salle chauffée et d’un puits, probablement situé dans un espace ouvert attenant. Ces vestiges sont toutefois moins lisibles en raison de leur détérioration.


 

Des architectures en terre crue

La fin de l’occupation de cet îlot semble marquée par un incendie généralisé. Des effondrements de constructions brûlées ont été découverts sur l’ensemble du terrain, de manière évidente dans le sud de la parcelle et aussi sur les sols en béton de la domus. Cet incendie a permis de conserver l’architecture des bâtiments antiques, constituée à 90 % de terre crue, sous forme de briques ou de terre massive (technique de construction en terre banchée avec tassement entre deux planches). Les constructions en pierres ne deviendront majoritaires qu’au Moyen-Age.

Fouille d'un quartier de l'antique Nemausus mis au jour à Nîmes (Gard), en 2023.
Fouille d'un quartier de l'antique Nemausus mis au jour à Nîmes (Gard), en 2023.

© Charlotte Gleize, Inrap

Après le IIIe s., les terrains sont remis progressivement en culture, l’ancien paysage urbain se transformant en zone de campagne mêlant friches et cultures. Dès le XVIIIe s., la construction du Cours Neuf, l’actuel boulevard Jean-Jaurès, et des Jardins de la Fontaine vont commander la reprise urbaine du quartier jusqu’au XXe s., scellant les vestiges antérieurs.

Aménagement : SARL Tricontines
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Ghislain Vincent, Inrap