À Villevieille dans le Gard, des archéologues de l'Inrap ont mis au jour un quartier de l'agglomération antique et notamment les vestiges d'une luxueuse domus.  

Dernière modification
28 septembre 2023

De janvier à mars 2023, les archéologues de l’Inrap réalisent une opération d’archéologie préventive au chemin du Mas Portalier à Villevieille, sur prescription du Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie), en amont de la construction d’une habitation privée.

Après un diagnostic réalisé en octobre 2022 qui avait révélé des vestiges datés de l’Antiquité, les recherches actuelles confirment l’existence d’un quartier occupé entre le milieu du Ier s. av. notre ère et le milieu du IIe s. de notre ère. L’emprise de fouille couvre 900 m² et livre au nord les vestiges d’un édifice vraisemblablement public bordé d’une rue et d’une esplanade, et au sud ceux d’une habitation romaine, une domus.

Identifiant Scald invalide.

Un secteur public : bâtiment, rue et esplanade

La partie nord de la parcelle est occupée par un édifice de plus de 20 m2, construit avec de larges blocs de pierre de taille (grand appareil) ainsi que par une rue empierrée large d’au moins 3,5m. Cette dernière est utilisée durant une longue période au cours de laquelle elle subit des transformations importantes (création possible d’une colonnade, rehaussement de la chaussée). À l’ouest du premier édifice, un secteur non bâti, s’étend sur plus de 20 m de longueur pour 8 m de largeur, et pourrait correspondre à une esplanade.

Détail de la rue dallée d'un quartier antique occupé entre le milieu du Ier s. av. notre ère et le milieu du IIe s. de notre ère et découvert à Villevieille (Gard) en 2023.
Détail de la rue dallée d'un quartier antique occupé entre le milieu du Ier s. av. notre ère et le milieu du IIe s. de notre ère et découvert à Villevieille (Gard) en 2023.
© Olivier Mignot, Inrap

 

Une luxueuse domus

La moitié de l’emprise prescrite livre une partie d’une luxueuse maison urbaine (domus), comme en témoignent les quatre sols bétonnés et les peintures murales encore conservés. Ces espaces richement décorés soulignent le statut social des propriétaires, et peut-être aussi leur influence au sein de l’agglomération.

Des maçonneries appartenant à un état antérieur de l’habitation ont également été identifiées dans l’angle sud-ouest du site. Elles se distinguent par une mise en œuvre et des matériaux de construction différents de ceux du second état, qui est mieux conservé et daté du début du Ier s. de notre ère.

Une occupation tardive du secteur

Après la démolition de la domus, une réoccupation du secteur est attestée par la présence d’une épaisse couche argileuse de terre à bâtir, utilisée en remblai d’une dizaine de centimètres d’épaisseur pour niveler les ruines de l’ancienne habitation. Un fut de colonne, en remploi, y a été découvert. Ce sédiment est ensuite scellé par un imposant dépotoir constitué de nombreux fragments de céramiques qui place l’abandon définitif du site dans le courant du IIe s. de notre ère.

Villevieille Antique : une expérience narrative

Pour valoriser le patrimoine archéologique antique de Villevieille, la Communauté de Communes du Pays de Sommières et ses partenaires ont fait appel au conseil scientifique de l’Inrap, afin de coproduire un outil numérique de valorisation de la domus des Terriers dont le plan a été reconstitué à l’initiative de la commune de Villevieille à la suite de fouilles archéologiques.

Trois modules de narration sont proposés aux publics, pour raconter l’histoire des habitants de la domus, au temps de la romanisation en Gaule ; le premier consiste en une balade sonore à suivre in situ, les deux autres sont au format numérique.

Aménagement  : Privé
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Occitanie)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Olivier Mignot, Inrap