Une équipe de l'Inrap a fouillé en 2010 un site de 3,5 hectares à Bassing, en Moselle. Ces recherches ont été réalisées sur prescription de l'État (Drac de Lorraine) en amont de la construction de la ligne à grande vitesse Est-européenne par Réseau Ferré de France.

Dernière modification
25 février 2021

Occupé pendant mille ans, de 200 avant notre ère à 800 de notre ère, ce site a révélé un établissement aristocratique gaulois, une villa gallo-romaine et plusieurs bâtiments médiévaux. De nombreuses armes et un exceptionnel dépôt monétaire de 1 165 pièces gauloises témoignent à eux seuls de la puissance des élites de Bassing.

Un site aristocratique et guerrier

Entre 150 et 120 avant notre ère, un vaste établissement rural est édifié à Bassing. Un puissant fossé quadrangulaire de 3 mètres de large, avec talus et palissade enserre l'habitat sur un hectare. À l'intérieur se dressent les bâtiments de bois d'une exploitation agricole et d'une habitation. L'ensemble perdure jusque vers l'an 14 de notre ère.
La taille de l'exploitation, la puissance de ses fossés et la richesse du mobilier exhumé révèlent le statut privilégié des occupants. Parmi les bijoux, des bracelets en pâte de verre bleu de cobalt, mais aussi une perle d'ambre de la baltique ont été découverts. 123 fibules sont aussi présentes, dont certaines ont été produites sur place. L'artisanat du métal était donc une des ressources de ce site aristocratique dans lequel des activités de fonderie, filature, tissage, cordonnerie complétaient les ressources issus de l'agriculture.
Parmi le nécessaire à boire, des passoires liées au vin proviennent d'Italie. Le vin, importé de Méditerranée et véritable produit de luxe, était consommé en grande quantité, comme en témoigne la découverte de nombreuses amphores.
Les archéologues de l'Inrap ont mis au jour un important mobilier militaire, gaulois et italique : des pièces de chars, une hache de combat, un poignard de légionnaire romain (le pugio), des pointes de flèches perforantes, des éléments de parures d'uniformes, des clous de sandales et des harnachements de cavalerie romaine.
S'y ajoute l'embouche en métal d'une trompe de guerre.
Implanté sur le territoire des Médiomatriques entre les oppida de Divodurum (Metz) et de Saverne, le site de Bassing appartient donc à un aristocrate qui tient son pouvoir non seulement d'une importante exploitation agricole, mais aussi de son statut guerrier.
La conquête des Gaules ne semble pas affecter la vocation du site. Durant cette période troublée, l'établissement de Bassing se révèle stable et prospère, sa population dense et constante. En 27 avant notre ère, la pierre remplace le bois dans les structures de l'établissement rural toujours situé au sein de l'enclos gaulois.


 

Un dépôt monétaire exceptionnel : 1 165 monnaies gauloises

Ce site a surtout révélé un exceptionnel dépôt monétaire de 1 165 monnaies gauloises. Ce trésor a été dispersé sur le site, depuis le Moyen Âge, par les labours successifs. Les archéologues ont donc progressivement collecté les monnaies au cours de la fouille.
Il se compose de 1 111 monnaies d'argent, 3 monnaies d'or et 51 monnaies de bronze. Il a été enfoui entre les années 40 et 20 avant notre ère. Toutes ces monnaies ont été émises au cours du Ier siècle avant notre ère, la majorité juste après la guerre des Gaules.
Une des particularités de ce trésor est d'être constitué de monnaies d'argent. En effet, à cette période, les monnaies en bronze et les potins, occupent une place centrale dans les échanges quotidiens. L'argent est réservé au paiement des cadres liés au pouvoir. Très rares, les trois monnaies d'or sont médiomatriques, donc locales. Les deux kilos d'argent regroupent différents types de monnaies émises dans plusieurs régions de la Gaule. 74 % du lot sont issus du Centre-Est de la Gaule et appartient aux Séquanes de Besançon, aux Lingons de Langres, aux Éduens de Bibracte ou d'Autun. 14 % sont originaires des peuples du Val de Loire, 7 % proviennent des Rèmes de Reims (de Gaule Belgique) et 3 % des Arvernes de Clermont-Ferrand. Enfin, quelques rares exemplaires appartiennent aux Ségusiaves, peuple localisé près de Lyon.
Ces monnaies sont des imitations gauloises de quinaires, une monnaie d'argent romaine, d'un diamètre inférieur à 1,5 cm. Le Nord-Est de la Gaule, surnommé « la zone du denier gaulois » par les numismates, s'est distingué après la conquête par l'imitation de mo