À Limoges, sur un promontoire dominant la Vienne, en limite de la ville antique d’Augustoritum, la fouille réalisée par une équipe d’archéologues de l’Inrap  a mis au jour un vaste édifice s’apparentant à un temple gallo-romain, de type fanum à deux cellae, totalement insoupçonné jusque-là.

Dernière modification
19 octobre 2017

Avant la construction d’une maison individuelle, à la périphérie ouest du centre de Limoges (rue de la Roche-au-Gô), un diagnostic archéologique prescrit par les services de l’État (service régional de l’Archéologie – Drac Nouvelle-Aquitaine) a été réalisé par l’Inrap en mars 2017. Ces sondages ont révélé l’existence de nombreuses maçonneries de la période romaine. Suite à ces découvertes, une fouille préventive a été engagée pour tenter de cerner l’organisation et la fonction de ces murs ; conduite par une équipe d’archéologues de l’Inrap, elle a débuté le 28 août et s’achèvera le 13 octobre 2017.

L’intervention se situe sur un promontoire dominant la Vienne, à peu de distance à l’ouest du viaduc de la ligne SNCF menant à Brive. Elle est localisée juste en bordure ouest de l’emprise présumée de la ville antique d’Augustoritum, à l’origine de Limoges.

Les fondations d’un temple gallo-romain

Les chercheurs ont mis au jour des fondations de murs et quelques rares lambeaux de sols, le ravinement naturel vers la Vienne et la mise en culture et jardins de ces parcelles ayant certainement contribué au fort arasement des constructions et à la disparition presque totale de la plupart des niveaux de sol et d’occupation anciens.

La fouille a néanmoins permis d’établir le plan d’un vaste édifice s’apparentant sans conteste (par comparaison et référence à d’autres sites connus) à un temple gallo-romain, de type fanum à deux cellae, totalement insoupçonné jusque-là.

Ces cellae sont des salles carrées dans lesquelles étaient exposées les statues des divinités principales du sanctuaire. Leur accès était réservé aux membres de la classe sacerdotale. Les pèlerins n’avaient pas le droit d’y pénétrer. En revanche, ils étaient libres de déambuler dans le vaste espace rectangulaire autour, servant de galerie, couvert à l’origine d’une toiture de tuiles et doté d’un sol de béton de chaux. On venait y prier et y déposer des offrandes. Cette construction était bordée à l’ouest et à l’est de caniveaux réceptionnant les eaux de pluie s’écoulant sur la toiture.

Au sud du site, deux murs parallèles délimitaient une autre galerie de circulation protégée par une toiture inclinée vers l’intérieur du temple.

Ce type de sanctuaire s’ouvrait en général vers l’est, avec une grande cour servant de lieu de rassemblement. C’est là qu’on sacrifiait des animaux (que l’on consommait sur place au cours de banquets rituels et que l’on partageait avec les dieux), qu’on pratiquait les cérémonies rituelles et qu’on déposait des offrandes de toute sorte.

Cet espace se situe en dehors de l’emprise de fouille et seules quelques bases de massifs de maçonnerie pourraient avoir servi de supports d’autels.

La découverte d’un édifice plus ancien

Un premier édifice pourrait avoir préexisté dans le courant du Ier siècle de notre ère mais les recherches ne sont pas assez avancées pour déterminer son plan et sa fonction. S’agit-il d’un premier temple ?

Des tessons de céramique retrouvés sur place permettront de mieux cerner la période d’occupation du sanctuaire. De même, quelques ossements d’animaux apporteront peut-être des indices sur les espèces sacrifiées.

Les archéologues continuent leurs investigations et découvriront peut-être dans le comblement d’une des fosses repérées sur le site une inscription ou une statue suffisamment lisible ou caractéristique pour pouvoir identifier formellement au moins l’une des deux divinités principales honorées dans ce temple.

Aménagement : Particulier
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie - Drac Nouvelle-Aquitaine
Recherches archéologiques : Inrap
Responsable scientifique : Christophe Maniquet, Inrap