Dans le cadre de la construction d'immeubles pour la société Atos Worldline à Noyelles-lez-Seclin (Nord), le service régional de l'Archéologie du Nord-Pas-de-Calais a prescrit deux fouilles archéologiques en 2001, puis en 2008-2009, sur une superficie totale de 38 650 m2.

Dernière modification
10 mai 2016

Après 7 mois de travail de terrain, les archéologues, aidés de spécialistes, analysent la riche documentation récoltée dans le sous-sol afin de reconstituer 400 ans d'histoire du territoire et de ses occupants. Les fouilles ont permis de mettre au jour une partie d'une agglomération gallo-romaine implantée dès le Ier siècle de notre ère, dans une région fortement peuplée depuis la fin de la période gauloise mais sur un site jusqu'alors inoccupé, sur le bord du dôme crayeux du Mélantois dominant la vallée de la Deûle.

Une  agglomération insoupçonnée et pérenne

Fondée au Ier siècle de notre ère, le long de la chaussée romaine allant de Bavay à Cassel, la première occupation est concentrée au sud de l'emprise des fouilles. Cette agglomération rurale délimitée par des palissades est caractérisée par des vestiges d'habitats construits sur poteaux.
Au IIe siècle, un chemin orienté nord-sud est construit, entraînant une modification de l'organisation du site. Des fonds de cabane sont aménagés au sud de l'emprise, et de façon plus ponctuelle au nord, où un enclos attenant au chemin est creusé. Cet enclos disposait de trois entrées à l'ouest, au sud-est et à l'est où deux constructions externes permettaient d'en contrôler l'accès. Cette réorganisation du site atteste une modification de son statut, voire de son activité économique.
L'apogée de l'occupation a lieu entre la seconde moitié du IIIe siècle et le IVe siècle. L'apparition d'une ou de plusieurs unités artisanales, de fours à pain et de fours métallurgiques semble indiquer une diversification des activités.
À la fin du IVe siècle le site est abandonné et l'espace est remis en culture.

L'apparition des fonds de cabane

Au IIe siècle de notre ère apparaissent les bâtiments qui laissent aujourd'hui, au sud de l'emprise, des traces nommées fonds de cabane. Ils sont caractérisés par la présence d'un vide sanitaire creusé dans le sol, recouvert d'un plancher. Ces constructions, en matériaux périssables, reposent, ou non, sur des poteaux d'angle et sont généralement couvertes d'un toit à deux pans débordants. Dans quelques cas, ces structures sont tripartites. Chacun des trois espaces présente un vide sanitaire qui a parfois pu servir de poubelle.

Ce plan singulier apparaît au début du IIe siècle dans la vallée de la Deûle. Quelques rares exemples ont été retrouvés dans le Valenciennois et dans le Douaisis. Annonciatrices des fonds de cabane du début du haut Moyen Âge, ces constructions atypiques pourraient être liées à une activité spécifique à ce jour non identifiée, ou influencées par des constructions d'origine germanique.

Une  agglomération opulente

Les objets trouvés dans les fossés - poignées de porte en bronze, applique de meuble, bracelet en verre - témoignent d'une population aisée. La découverte d'une statuette en bronze représentant le dieu Mercure, dieu des voyageurs, conforte cette hypothèse.
Les céramiques retrouvées dans les comblements proviennent d'Amiens, Arras, de l'est et du sud de la France et surtout des pays nordiques comme la Belgique (Braives), l'Allemagne (Trèves, Mayen, Eifel...) ou l'Angleterre.
Les multiples influences perceptibles dans les constructions et les objets du quotidien attestent l'importance du site ainsi que sa position de carrefour économique.

Les espaces funéraires

Onze tombes romaines à incinération ont été fouillées. L'usage de l'incinération prédomine jusqu'au IIIe siècle : les restes du défunt sont accompagnés d'un dépôt rituel (vaisselle, aliments...) destiné à sa vie dans l'au-delà.
Au IVe siècle, le rite de l'inhumation domine. Le plus souvent, les défunts sont enterrés à l'écart de l'agglomération, le long des routes. Deux tombes ont été fouillées dans la partie sud de l'emprise, peu occupée à cette période.