A La Mézière, Ille-et-Vilaine, une fouille réalisée dans le cadre d'un projet d'aménagement urbain a permis de de mettre au jour des vestiges du Néolithique, de la période gallo-romaine et du haut Moyen Âge. 

Dernière modification
19 février 2016

Mis au jour sur l'ensemble de l'emprise de fouille, des trous de poteau, des fosses ainsi qu'une quarantaine de fours à pierres chauffantes sont attribuables au Néolithique moyen. Les datations C14 déjà obtenues placent l'occupation vers 4200 ans av. J.-C.

UNE MAISON MONUMENTALE DU NÉOLITHIQUE MOYEN

Le plan d'une construction sur poteaux plantés a notamment été reconnu. Malheureusement tronquée par le passage d'une route, elle se distingue par ses dimensions importantes : 30 m (voire 50 m) de long et 12 m de large. Les poteaux qui constituent l'ossature principale de l'édifice mesurent 50 cm de diamètre et sont calés dans de grandes fosses atteignant 1,50 m de profondeur. L'étude du mobilier archéologique associé (céramique, industrie lithique) et de divers macro-restes (graines, os...) devraient nous renseigner sur les activités réalisées au sein de cette construction.

Si la fonction précise des structures à pierres chauffantes trouvées en périphérie demande encore à être précisée, une série d'expérimentations effectuées à partir des nombreuses observations de terrain nous montrent que ces dispositifs étaient parfaitement adaptés à un usage culinaire.

La découverte de cette maison monumentale constitue un jalon important dans la connaissance des architectures du Néolithique moyen, peu d'exemples de ce type étant pour le moment connus dans le nord de la France. Maison d'habitation ou maison collective ? Sa fonction devrait être précisée à l'issue des études actuellement en cours.

Plusieurs autres découvertes témoignent d'occupations plus tardives du site, au Néolithique final ou encore à l'âge du Bronze. Un petit ensemble du Bronze final comprenant une maison circulaire associée à de petites constructions annexes (greniers ?) et à un cercle funéraire a ainsi été étudié.

UN VASTE DOMAINE ANTIQUE

Au début de la période antique, le site et ses environs sont parfaitement structurés par un important réseau de fossés ou de haies délimitant des zones d'habitat, des champs, des chemins. En limite de décapage, la pars rustica d'une importante villa située à proximité du site a été étudiée. L'ensemble, occupé du Ier au IIIe siècle, et sans doute un peu plus longtemps, compte de multiples remaniements et a connu plusieurs types d'activités. Les fouilles ont notamment révélé toute une série de structures de stockage (grange, silos...) ainsi qu'une activité de forge matérialisée par des foyers et d'importants rejets de scories.

L'ESPACE FUNÉRAIRE DU HAUT MOYEN ÂGE

C'est dans un paysage largement façonné à l'époque antique que vient s'installer et se développer un espace sépulcral. D'une superficie de 1 hectare, il se développe entre les Ve et VIIe-VIIIe siècles. Les quelque 650 tombes sont toutes orientées et disposées en rangées. Elles se répartissent en une douzaine de groupes, traduisant probablement des rapprochements familiaux et/ou sociaux. Accueillant exclusivement des inhumations, les sépultures sont surtout des fosses oblongues ou rectangulaires. Coffrage en bois ou cercueil y sont parfois présents. Sortant du lot, onze sarcophages en calcaire coquillier, disséminés dans le « champ des morts », correspondent à un prestigieux type de sépulture du VIIe siècle. Ils renferment aussi les seuls squelettes conservés, car  ailleurs, l'acidité du sol a dissous les ossements. Au cours de l'utilisation de l'espace funéraire, les objets de parure portés par les défunts - essentiellement des bijoux  en verre et en bronze (colliers, bracelets, bagues) - et les dépôts funéraires sont de moins en moins nombreux, en relation avec l'application de plus en plus suivie du précepte chrétien recommandant de se présenter le plus humblement possible devant le Créateur.

Pour la première fois en Bretagne, la totalité d'un vaste espace sépulcral des premiers siècles du Moyen Âge a été fouillée. Les analyses à venir ne manqueront pas d'enrichir la réflexion sur son développement spatial. Elles permettront également d'appréhender l'évolution des pratiques funéraires et de l'architecture des tombes.

La large fenêtre d'observation ouverte sur le site de La Mézière a permis d'aborder la plupart des vestiges dans leur globalité et a, par conséquent, facilité leur interprétation. Associée à une étude du paysage, cette approche extensive permettra d'entrevoir la façon dont l'homme peut s'approprier son territoire au fil du temps.