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Une opération chirurgicale il y a 7000 ans : la plus ancienne amputation découverte en France
La fouille du site néolithique ancien de Buthiers-Boulancourt (Seine-et-Marne) a révélé aux archéologues de l'Inrap le plus vieux témoignage, en France, d'une amputation. Cet acte chirurgical, réussi, a été pratiqué il y a 6 900 ans sur un homme âgé. Ces résultats viennent d'être publiés sur le site de la revue internationale Antiquity.
Le site de Buthiers-Boulancourt a livré sept maisons néolithiques, de tradition danubienne, caractéristiques de la fin de la culture « Blicquy-Villeneuve-Saint-Germain » datée de 4900-4700 avant notre ère. Deux petits groupes sépulcraux ont aussi été fouillés. Ils contenaient deux et trois sépultures en fosse individuelle caractéristiques.
L'amputation
Dès la fouille, anthropologues et archéologues ont formulé l'hypothèse d'une amputation, basée sur des observations morphologiques. Une étude montre aujourd'hui que l'extrémité distale de l'humérus présente une très nette section dont l'origine est traumatique plutôt que malformative. Des examens radiologiques puis microtomographiques, la reconstitution en 3 dimensions de l'os, ont été entrepris. Toutes les images révèlent des signes de cicatrisation osseuse.
Les indices de découpe sont localisés à un endroit où l'os est particulièrement robuste et dur à couper, en particulier à l'aide d'un silex. Une découpe sur la diaphyse aurait été bien plus facile. Quelle que soit la cause du traumatisme (accident, etc.), il a partiellement arraché l'avant-bras en brisant les os. L'opération a été pratiquée en coupant les parties encore en place. Il ne s'agirait alors pas d'une amputation accidentelle mais d'un véritable choix médical. Cette opération peut être reconstituée : la découpe s'est effectuée de la face antérieure vers la postérieure et le poids de l'avant-bras, peut-être aidé du chirurgien, a causé la rupture des derniers millimètres de corticale, comme on peut l'observer en coupant une pièce de bois. Le bras était probablement en extension, pour obtenir une ouverture maximale du coude. La cicatrisation osseuse signale la survie du patient. L'absence d'infection, témoigne d'une bonne asepsie.
L'amputation de membres est très rare en Préhistoire, et deux cas sont actuellement connus dans le Néolithique ancien d'Europe occidentale : Sondershausen dans l'est de Allemagne et Vedrovice, en Moravie (République tchèque). Buthiers-Boulancourt est donc aujourd'hui le plus vieux témoignage d'amputation en France. Cette découverte a bénéficié des dernières techniques de fouille et d'imagerie médicale.
Le dépôt sépulcral
Ce mobilier funéraire prestigieux, les dimensions inhabituelles de la fosse sépulcrale suggèrent que cet homme bénéficiait d'un statut particulier au sein du groupe. Il s'agit d'un homme adulte assez âgé, affligé d'arthrose et édenté. Bien que l'on ne puisse que spéculer sur son statut, il semble qu'il a été pris en charge par son groupe et intégré à celui-ci en dépit de son handicap.
Ainsi il y a 7 000 ans, les connaissances médicales étaient bien plus élaborées que ce que l'on peut généralement imaginer, et au sein de ces communautés agro-pastorales, les règles sociales étaient complexes.
Références
Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, pôle partenariats et relations avec les médias
01 40 08 80 24
mahaut.tyrrell [at] inrap.fr
Sophie Jahnichen
chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Centre - Île-de-France
01 41 83 75 51 - sophie.jahnichen [at] inrap.fr