Le projet d'aménagement de la ZAC de La Perdriotais est à l'origine de la fouille archéologique conduite par l'Inrap sur la commune de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine).

Dernière modification
19 février 2016

Des prospections aériennes, puis des sondages sur le tracé du gazoduc avaient révélé les premiers indices d'occupations anciennes. Un diagnostic réalisé par l'Inrap en 2007 sur l'emprise du projet (40 ha) est venu confirmer l'intérêt majeur de ces vestiges et leur densité. Les travaux archéologiques ont débuté à la fin du mois de mai 2008 et doivent se poursuivre jusqu'à la fin de l'année 2009. Les occupations mises en évidence appartiennent aux périodes gauloises, gallo-romaines, médiévales et modernes.

La structuration de l'espace à l'époque gauloise

L'occupation gauloise se caractérise par l'installation d'un important domaine. Différents espaces sont organisés autour d'un enclos central de 1 500 m2 où se trouve l'habitation principale ainsi que des dépendances ou annexes agricoles. En périphérie, se répartissent des zones d'activités domestiques ou artisanales, des greniers, puis des champs agricoles ou des pâtures. Ces espaces sont délimités par des fossés associés à des talus, des clôtures ou des haies. L'édification d'un porche monumental à l'entrée de l'enclos ainsi que la taille et la profondeur des fossés qui le bordent indiquent qu'il s'agit d'un domaine de riches propriétaires sur lequel travaille un grand nombre d'ouvriers agricoles.

Le développement de l'agriculture au cours de l'Antiquité

À La Perdriotais, au Ier siècle de notre ère, l'occupation semble s'étendre à l'est et au sud de la ferme gauloise elle-même réaménagée. Certaines parcelles semblent réservées à l'agriculture ou au pâturage. Près des habitations sont installées des petites annexes destinées au stockage du fourrage et des récoltes, mais également des aires de travail domestique ou artisanal. Si le statut de cet habitat n'a pas encore pu être défini, la découverte récente d'une petite statuette en bronze, de monnaies romaines et d'une vaisselle diversifiée nous permet d'envisager la présence d'une occupation importante. Rappelons que le site est localisé à proximité d'une voie antique et à quelques kilomètres au sud de l'agglomération antique de Condate (Rennes).

La pérennité d'un habitat rural du haut Moyen Âge

Aux alentours des VIe-VIIe siècles, de nouvelles fermes ou hameaux se répartissent au sein de nouveaux enclos, respectant le plus souvent les parcellaires antérieurs. À l'intérieur de ces espaces, s'organisent  les unités d'habitation, mais aussi les activités domestiques et artisanales. Entre le VIIIe et le XIe siècle, on assiste à l'aménagement de véritables espaces spécialisés : stockage et traitement des céréales, atelier de forge, fours domestiques...

Les tombes à incinération

Un nouveau mode funéraire se développe dès le milieu du second âge du Fer (IIIe siècle avant notre ère) et se poursuit durant l'époque gallo-romaine. Au lieu de déposer le corps du défunt en pleine terre (tombes à inhumation), on le brûle sur un bûcher (incinération) et on enterre ses cendres et ses restes osseux. Ces derniers sont alors déposés dans une fosse soit directement en pleine terre, soit dans un petit sac ou encore dans une urne en terre cuite. Les tombes sont de plans variés, rectangulaires ou circulaires. À proximité de l'urne sont parfois déposés de la nourriture, de la vaisselle, mais aussi des objets précieux, ustensiles ou même de la verrerie. Une quinzaine de ces tombes ont été découvertes sur le site.

Les vases

Les fragments de poterie trouvés en grand nombre sur le site aident à la datation des vestiges. En effet, selon les périodes, la forme des vases et les techniques de fabrication ou encore les décors varient. L'étude des argiles et des dégraissants (pétrographie) nous permet de trouver l'origine des matières premières et de mettre en évidence les relations commerciales et les modes d'approvisionnement selon les époques.

Environnement et aménagement du territoire

Au cours des millénaires passés, les sociétés ont hérité de paysages qu'elles ont à leur tour façonnés, puis transmis. Le site de La Perdriotais témoigne de ces héritages au travers de la pérennité des axes qui ont structuré le paysage ces derniers millénaires. Ainsi, les limites de certaines parcelles du cadastre moderne reprennent purement et simplement celles d'il y a 2 000 ou 2 500 ans. Un fossé de drainage moderne, collecteur des eaux de ruissellement reprend quant à lui les limites d'une parcelle gallo-romaine et médiévale. Avec l'implantation de son nouveau lotissement, la commune de Châteaugiron entre dans un nouvel épisode de son histoire.

Des indices pour contribuer à l'histoire de la commune

Dans les mois à venir, l'équipe de l'Inrap réalisera la fouille des occupations humaines anciennes qui semblent s'étendre sur plus de 13 ha. Elle tentera de recueillir l'ensemble des indices permettant de dater les vestiges et de définir leurs fonctions (habitat, annexe agricole, four, forge, silo de stockage... L'analyse des objets en terre cuite, os, métal ou pierre éclairera sur les différentes activités artisanales, les ressources exploitées et les relations commerciales. Celle des graines, pollens, faune et charbons nous livrera des données sur l'alimentation, les pratiques d'élevage et d'agriculture, sur l'environnement ou encore sur le climat aux différentes périodes. Les archéologues chercherons également à comprendre les relations qui ont existé entre le premier bourg créé autour de la fin du Xe siècle, le château de Châteaugiron et les habitats de La Perdriotais qui semblent avoir été délaissés autour de la même période.