A Lieusaint, Seine-et-Marne, ZAC du Carré Sénart, bureaux et parkings : une zone d'activité du premier âge du Fer et un enclos funéraire antique ?

Dernière modification
19 février 2016

Sur l'emprise de cette opération, c'est dans une zone très érodée que trois nappes de mobilier du Néolithique, probablement moyen, ont été découvertes. Elles n'avaient pas été perçues lors du diagnostic. Elles ont livré du mobilier peu abondant composé de fragments de céramique et de pièces lithiques.

Ces artefacts, malgré les conditions de conservation du milieu énoncées précédemment, ont un aspect assez frais et non roulé. On note la présence d'un petit débitage sur le site, ainsi que des éclats et des outils en silex local et exogène. Un fragment de meule atteste un éventuel travail de mouture. La céramique semi-épaisse et épaisse est bien représentée, mais de la céramique plus fine a également été trouvée. Même si l'on ne peut définir la nature de cette occupation, elle confirme la fréquentation de secteur au cours du Néolithique moyen. 

La totalité de la zone décapée, soit environ 10 000 m2, est investie à la fin VIe ou au début du Ve siècle avant J.-C. Trois bâtiments sur six poteaux sont situés à proximité les uns des autres. Ils présentent une orientation identique mais des volumes différents. Ces constructions sont généralement interprétées comme des greniers surélevés, sans que l'on puisse toutefois l'affirmer. Elles peuvent également avoir eu d'autres fonctions : remise, atelier, abris. Deux autres bâtiments sur quatre poteaux, ou un seul sur huit poteaux selon l'interprétation, sont identifiés. D'autres constructions sont probables.
 
Deux silos sont avérés, deux sont probables. Ils sont de taille moyenne à petite. Les deux structures identifiées en tant que silo ont livré des restes de phytholithes de graminées festucoïdes (blé, seigle, orge et avoine) et de graminées panicoïdes (millet). La culture combinée du millet et du couple blé-orge a déjà été mise en évidence sur plusieurs sites de cette période. D'autres structures, fosses quadrangulaires et fosses circulaires, peuvent également avoir servi au stockage. Elles peuvent aussi avoir eu une fonction liée à des activités particulières pratiquées sur le site. Une table de broyage et plusieurs percuteurs sont justement à signaler. Ils sont majoritairement en meulière mais parfois en os et n'ont pas été utilisés pour la mouture de céréales. Deux structures assez profondes sont également à souligner. Ce type de structure a été observé sur plusieurs sites contemporains localisés sur Sénart. On ne peut toutefois définir leur fonction d'origine : puits avorté, puisard aménagé, structure de stockage ou de traitement ? La question reste ouverte.
 
Le mobilier provenant de ces structures est en mauvais état de conservation, car résiduel et ayant subi l'action du feu. Malgré cela, 22,775 kg de céramique sont prélevés. On peut souligner la présence de céramique peinte.
L'originalité du mobilier provient surtout de la découverte de deux anneaux en verre, d'un torque supposé en alliage cuivreux et d'un fragment d'objet en lignite (bracelet, bol ?).

Compte tenu des observations archéologiques faites autour de cette opération, les vestiges attribuables à la fin du Hallstatt s'étendent sur près de 4 ha. On ne peut affirmer, en raison de l'imprécision des datations et du manque de lien entre les opérations, s'il s'agit d'une occupation unique et synchrone ou non.
 
L'angle d'un enclos, composé de fossés drainants, a également été fouillé dans la partie sud de l'opération. Le comblement des fossés contient du mobilier attribuable à la première moitié du Ier siècle après J.-C. Cet angle est aménagé par deux autres fossés, plus petits. L'espace formé par ces quatre fossés est d'environ 50 m2 et contient les reliquats de deux poteaux probables. Cet espace et le sommet des fossés contiennent un mobilier conséquent, varié et original : amphores à saumure ou garum, fibules, anneaux en fer, objets en verre, esquilles d'os brûlées. La majorité a subi une déformation volontaire, un bris, une forte chauffe et parfois même une crémation. Il n'a pas été possible d'identifier de fragment d'os humain parmi les esquilles prélevées. Toutefois, la nature du mobilier et les traitements qu'il a endurés reflètent des pratiques funéraires ou cultuelles.