En amont de la construction d'une nouvelle gendarmerie, l’Inrap a fouillé une surface de 15 000 m2 à l'est de Nogent-sur-Seine. La mise au jour d'environ 200 structures archéologiques, allant d'outils en silex à une briqueterie moderne, jettent un nouvel éclairage sur l’occupation quasiment continue de ce territoire et l’évolution de son paysage depuis 13 000 ans. 

Dernière modification
15 juillet 2025

Une occupation discrète de la fin du Paléolithique

Lors du décapage d'un des secteurs du site, sont apparus quatre amas de débitage d’outils en silex remontant à la fin du Paléolithique, précisément à la culture Belloisienne (11 500 ans avant J.-C.). Ces amas sont dans un parfait état de conservation et sont accompagnés d’une meule dormante et d’un broyon en grès, témoignant d'activité de boucherie.

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Amas de débitage d'outils en silex de la fin du Paléolithique (11 700 ans av. JC), Nogent-sur-Seine, 2025.

© M. Biard, Inrap 

Si les os ne sont malheureusement pas conservés, ce site de débitage est relativement exceptionnel pour la région et pour cette période très ancienne. Il pourrait, en l’occurrence, s’agir de la production d’outils suite à une chasse réussie. L’étude de chaque amas permettra de déterminer le type d’outil produit et donc d’affiner la compréhension de la période dans ce secteur de la Champagne.

Un ensemble de fosses de chasse entre le Mésolithique et la fin du Néolithique

Lors de la fouille, un ensemble d’environ vingt grandes fosses de chasse très bien conservées ainsi que vingt autres plus arasées ont été fouillées. La datation de ces fosses s’étale de la période mésolithique (9600 à 6000 ans av. J.-C.) à la fin de la période néolithique (6000 à – 2300 av. J.-C.). Leur fonction semble être le piégeage de grands mammifères.

L’étude de leur répartition par période et par type permettra de mieux cerner l’occupation du territoire à l’est de Nogent-sur-Seine. Sont également prévues des analyses paléo-environnementales (dendrologie, malacologie, etc) qui permettront une restitution du paysage en fonction des différentes périodes concernées. L’ensemble de ces données permettra de mettre en lumière l’évolution de l’environnement et l’adaptation des communautés humaines à celui-ci pour des périodes anciennes et sur le temps long.

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Fouille d'une fosse de chasse, Nogent-sur-Seine, 2025.

© C. Fouquin, Inrap

Les occupations protohistorique, antique et médiévale

La période protohistorique est marquée par une occupation diffuse à l’âge du Bronze final (1400 à 800 av. J.-C.) : quelques foyers et trous de poteaux disséminés sur l’ensemble de la fouille. Une fosse de rejet de foyer contenant de nombreux fragments de céramique et un bracelet en tôle de bronze pourrait témoigner ici d'un bucher et donc d’une occupation funéraires.

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Bracelet en tôle de bronze issu de la fosse de rejet de foyer, âge du Bronze Final, Nogent-sur-Seine, 2025.

© A. Roland, Inrap

Pour la période antique (52 av. J.-C. à 500 ap. J.-C.), des vestiges semblent indiquer plusieurs fossés bordiers de chemin, d’axe est-ouest. Ce chemin présente trois états d’élargissement successifs. Pour le dernier état, la chaussée atteint une largueur d’environ 30 m, soit une voie importante qui pourrait être celle qui reliait Troyes à Paris.

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Vue aérienne des fossés bordiers de la voie romaine est-ouest, Nogent-sur-Seine, 2025.

©  D. Duda, Inrap

La période médiévale (500 à 1500 de notre ère) n’est représentée ici que par quelques fosses et l’inhumation d’un cochon dans une fosse contrainte. Ce secteur semble avoir été alors plutôt dévolu aux activités agropastorales, en marge des occupations domestiques.

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Squelette de cochon, Moyen Âge, Nogent-sur-Seine, 2025.

© A. Noury, Inrap

Un four de briqueterie d’époque moderne

Enfin, un atelier de briquetier daté d’entre 1500 et 1748 a été fouillé au sud-est de l’emprise de la fouille. Il est composé d’un four très bien préservé, de la fosse de travail attenante, d’une plateforme en craie pour le séchage des briques avant cuisson, d’un puits et de fossés.

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Vue zénithale du four avant la fouille, époque moderne, Nogent-sur-Seine, 2025.

© D. Duda, Inrap

Le four n’est pas bâti mais creusé dans le sol et présente de belles dimensions : 4,20 m de longueur pour 1,40 m de largeur interne et plus d’1,60 m de hauteur conservée. Le mise en œuvre de ce four ne semble pas renvoyer à une activité commerciale pérenne, mais à un four de commande, construit pour un chantier précis (la chapelle Saint-Roch, à 250 m, notamment). Des recherches dans les archives permettront probablement de déterminer la raison de l’installation de cet atelier provisoire à l’Est de Nogent-sur-Seine.

En définitive, le site de Nogent-sur-Seine « Rue Costes et Bellonte » permet d’observer sur une très large période l’occupation quasiment continue d’un terroir en marge des lieux d’habitat.

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Vue générale de la fouille depuis l'Est, Nogent-sur-Seine, 2025.

© D. Duda, Inrap

Aménagement : Ville de Nogent-sur-Seine
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Antoine Roland, Inrap