Aux confins de l’Île-de-France, au pied du donjon de la ville de Houdan, dans les Yvelines, la fouille de plusieurs sites en stratigraphie a permis de découvrir une aire de débitage du Paléolithique moyen, une occupation de l’Antiquité et de mieux comprendre les origines de la ville grâce aux vestiges d’une occupation du Moyen Âge.

Dernière modification
27 juin 2017

Situé à moins d’un kilomètre de la confluence entre la Vesgre et l’Opton, le petit vallon sec qui accueille les 12 000 m² de projet des lotissements de Houdan a conservé des dépôts lœssiques agrémentés régulièrement de colluvions par le cours d’eau. Ces couches stratigraphiques ont permis la conservation de plusieurs occupations humaines, du Paléolithique moyen au XIIe siècle, fouillées sur 9 400 m². Si le site antique et le site paléolithique, remarquablement conservés, représentent des données inédites, au niveau régional et national, les niveaux historiques permettent, quant à eux, de comprendre les origines urbaines de la ville.

Un atelier de taille du silex du Paléolithique moyen

L’Homme de Néandertal a laissé des traces de son passage sur les bords de l’Opton. Dix amas de taille et de huit concentrations de vestiges lithiques ont permis de réaliser beaucoup de remontages et de comprendre les savoir-faire des artisans de la Préhistoire. L’abondance de ces postes de débitage très bien conservés sur une surface restreinte et la présence de milliers d’esquilles confèrent au site de la route de Champagne un caractère inédit pour la région. Au moins deux phases sont perceptibles (l’une entre 190 000-130 000 BP, l’autre entre 110 000-70 000 BP), montrant que la zone géographique était attractive, notamment grâce à la présence d’un cours d’eau et d’un banc de silex secondaire sur le site.

La tracéologie permet d’avancer l’hypothèse d’import d’outils retouchés ayant servi aux activités de boucherie, puis abandonnés sur le site, simultanément à la production de supports d’outils (éclats bruts, retouchés par la suite) qui ont été emportés.

Les productions de l’occupation la plus récente sont de type Levallois récurrent unipolaire parallèle, avec un procédé original sur la face supérieure des supports ainsi débités (effacement de la nervure centrale).
Ce témoignage rare permet d’émettre l’hypothèse qu'un petit groupe nomade de chasseurs-cueilleurs faisait halte au bord du ru pour se réapprovisionner en matière première lithique, avant de rejoindre leur site d’habitat ou de chasse, probablement à proximité.

Une activité agro-pastorale pendant l’Antiquité

Le site antique est représenté par trois vestiges de bâtiments ainsi qu’un empierrement de type cour, interprétés comme une bergerie agrémentée d’une petite habitation sommaire, d’une courette et d’une grange. Des vestiges céramiques, fauniques et des niveaux de sols particulièrement bien conservés constituent la richesse de cet habitat modeste. Il est lié à un élevage d’ovins, estimé à environ 160 têtes qui a été reconstitué grâce à la combinaison d’une approche agronomique combinée à une étude micromorphologique des sols (modalités de dépôts et d’érosion des sols). Il était probablement rattaché à une exploitation agricole plus vaste. Un réseau parcellaire et un chemin témoignent également d’une structuration bien définie de l’espace et des réseaux de circulation. Cette période du IIe-IIIe siècle est relativement peu connue en Île-de-France, ce qui rend ces informations d’autant plus précieuses pour la région. Le site est abandonné au tout début du IVe siècle.

Une habitation du Moyen Âge avant l’édification du donjon de Houdan

Les traces d’une occupation médiévale en deux temps indiquent que des habitations se sont développées du VIIIe au XIe siècle, sur la partie ouest de l’emprise de fouille.
Pour la première phase datées de l’époque carolingienne, les céramiques retrouvées sur le site révèlent un approvisionnement dans plusieurs localités de l’Île-de-France, ce qui n’est pas courant pour la période. Si l’occupation est continue, des changements majeurs dans l’organisation de l’habitat apparaissent aux alentours du Xe siècle, comme en témoigne la disparition des fours domestiques. Les vestiges mobiliers et immobiliers offrent une vision du quotidien à travers des fonds de cabane, une petite activité métallurgique dite «  d’entretien » et quelques silos à grain creusés dans le sol.
Ces habitations sont abandonnées au XIIe siècle, ce qui correspond à la construction du donjon ainsi qu’à une organisation sociale et urbaine différente, laissant place à cet endroit, à un espace agricole.

Le site de Houdan Route de Champagne livre ainsi plusieurs sites remarquables. Il offre une confirmation du passage récurrent de Néandertal à l’ouest du Bassin parisien et un aperçu original de ses productions. Il apporte également de nouveaux indices sur l’histoire antique de la région et sur l’occupation de la ville, avant la construction du donjon qui en est l’emblème.