A Colmar, Haut-Rhin, en préalable à la construction d'une usine à proximité de l'aérodrome de Colmar, une intervention archéologique a eu lieu sur une superficie de 5 000 m².

Dernière modification
10 mai 2016

Des inhumations pratiquées dans des silos céréaliers désaffectés et réutilisés comme fosses sépulcrales ont été mises au jour. L'un des squelettes était accompagné par deux objets en cuivre figurant parmi les objets métalliques les plus anciens jamais découverts en France.


Des fosses de stockage et des tombes

Soixante-quinze structures de plan circulaire assimilées à des fosses de stockage ont été trouvées sur le site. L'attribution de l'ensemble du site au Néolithique récent (4200-3500 avant notre ère) repose sur la forme des creusements, mais aussi sur plusieurs dates radiocarbones obtenues sur des ossements, et enfin sur les quelques céramiques mises au jour et appartenant à la culture de Munzingen.
Treize inhumations primaires - 9 inhumations simples et 4 inhumations dans un même creusement - réparties dans 10 structures et 11 dépôts secondaires ont été découverts, ainsi que 5 dépôts d'animaux, parmi lesquels on distingue un porc et un sanglier entiers et deux jeunes cervidés dont un complet.

Les inhumations

Les individus inhumés dans les fosses de stockage désaffectées sont, à quelques exceptions près, en position contractée - position conventionnelle pour le Néolithique récent - et s'inscrivent dans un large éventail d'orientations. Les dépôts funéraires se limitent à une jatte déposée près d'un enfant, à un poinçon accompagnant un adulte et, peut-être, au pendentif déposé près d'un crâne découvert isolé.

L'un des creusements ayant livré trois niveaux d'inhumations (pour quatre individus) peut être interprété comme une tombe « à étages », configuration déjà observée sur d'autres sites dans la région. Toutes les autres inhumations sont simples. Dans deux cas, des interventions humaines sur les corps en cours de décomposition ont été observées : un déplacement et un repositionnement du crâne d'une part et le prélèvement d'importants segments anatomiques sur un individu d'autre part.

Deux colliers de cuivre

Un adulte de sexe indéterminable reposant dans l'une de ces fosses mérite une attention particulière. Il a été déposé sur le ventre, en position désordonnée, et c'est près de lui et à son contact qu'ont été découverts deux colliers particulièrement intéressants. Ils sont respectivement composés de 25 et 27 perles cylindriques en cuivre, renvoyant à un type bien attesté en Suisse occidentale, sur l'aire de la culture de Cortaillod. Cette culture de la première moitié du IVe millénaire, présente en Suisse centrale et occidentale, tire son nom d'une commune riveraine du lac de Neuchâtel (Suisse).
 
L'association d'un corps en position non conventionnelle et de plus de 400 grammes de cuivre, matériau à forte valeur sociale, soulève de nombreuses questions. Le dépôt en position non conventionnelle est un traitement jusqu'ici attesté pour certains individus issus de sépulture multiples et volontiers assimilés aux « accompagnants ». Ces derniers sont des individus probablement exécutés pour accompagner dans la mort un personnage important.
Les analyses réalisées par le laboratoire de Zurich montrent que les perles de Colmar ont été façonnées dans un cuivre riche en arsenic, connu sous la dénomination de cuivre de type Mondsee, matière première importée des Alpes autrichiennes et support de la métallurgie précoce de Suisse orientale.