A Anse-Bertrand, Guadeloupe, le diagnostic est situé sur un plateau du nord de la Grande-Terre, à 30 m d’altitude, dans un secteur archéologique sensible.

Dernière modification
07 avril 2016

Des occupations amérindiennes y sont connues avec les sites d’Anse Pistolet et Porte d’Enfer, situés tous deux à moins de 1 km. Le site de Porte d’Enfer a fait l’objet d’une fouille réalisée par l’Afan en 2001.

Une habitation coloniale, l’habitation Desvarieux, mentionnée sur la Carte des ingénieurs du roy de 1765, est localisée dans la partie sud du terrain. La surface du projet est de 99 578 m2. Il s’agit d’un rectangle d’environ 800 m de long sur 120 m de large, orienté nord-sud. Sa moitié sud est consacrée à la culture du melon et était labourée au moment de notre intervention. Sa moitié nord est en savane depuis la fermeture de l’usine de Beauport dans les années 1980. Elle était auparavant cultivée en canne à sucre. Un petit bois (campêches et surettiers) et des mares divisent cette moitié en deux. En raison de contraintes écologiques imposées à l’aménageur par la Direction régionale de l’environnement, ce secteur n’a pas été sondé mécaniquement. L’intervention de l’Inrap s’est faite en trois étapes. Elle a débuté par une phase de prospection pédestre, plus poussée dans les zones boisées qui ne pourront être explorées mécaniquement. Elle a continué par une phase de tranchées de sondages mécaniques en quinconce à maillage serré selon quatre axes nord-sud éloignés d’une trentaine de mètres. Leur largeur est de 2,50 m. Ces sondages ont été creusés jusqu’au substrat rencontré entre 0,10 et 0,80 m. Il s’agissait de tuf calcaire sur les buttes et d’argile de décalcification dans les creux. Enfin, trois fenêtres et des tranchées de vérification ont été ouvertes afin de préciser la nature et l’état de conservation des vestiges retrouvés. La surface fouillée est d’environ 5 000 m2, soit 5 % de la surface totale du terrain. La première phase de prospection pédestre a révélé du matériel colonial épars et très fragmenté attribué au début du XIXe s. sur la zone labourée (moitié sud du terrain). Du matériel, également d’époque coloniale, mais moins fragmenté, a été retrouvé dans le petit bois. Le reste du terrain, en herbe, n’a rien livré. Les sondages mécaniques en tranchées ont montré des labours profonds, bien visibles une fois le substrat atteint. Du matériel d’époque coloniale, diffus, a été récolté. Les labours ont remanié l’ensemble du terrain et détruit les structures archéologiques, en particulier les vestiges de l’habitation Desvarieux. Cependant, les restes d’une structure maçonnée ont été mis au jour sous un ancien chemin qui coupe le terrain au nord du bois et des mares. L’ouverture d’une fenêtre de 25 x 30 m a permis de la dégager. Il s’agit d’une terrasse rectangulaire de 7,70 x 4,50 m orientée nord-sud. Elle est constituée de blocs calcaires équarris d’environ 0,60 x 0,50 m pour 0,30 m d’épaisseur, reposant sur une couche de petits blocs calcaires d’une dizaine de centimètres d’épaisseur qui débordent la structure vers l’ouest. Le côté sud est bordé d’un petit perron trapézoïdal et le nord d’un puisard, fosse creusée dans l’argile et remplie de blocs calcaires hétérogènes. C’est une structure industrielle dont la fonction n’est pas encore clairement établie. Il pourrait s’agir de l’embase d’un moulin à bête, mais sa forme rectangulaire ne convient pas. Il est plus probable qu’il s’agisse d’une aire de séchage de café. Des recherches bibliographiques ont été entreprises et des contacts établis afin de préciser ces hypothèses. Cette campagne de sondages systématiques sur les plateaux ruraux du nord de la Grande-Terre montre que la culture mécanique de la canne à sucre a en grande partie détruit les vestiges archéologiques. Cependant, les zones non touchées peuvent contenir des informations qui continueront d’enrichir nos connaissances sur l’histoire et la préhistoire de la Guadeloupe.