A Valros (Hérault), le projet d'aménagement, sous maîtrise d'ouvrage de la Direction Régionale de l'Équipement Languedoc-Roussillon, correspond à la réalisation de la dernière section autoroutière de l'A75 entre Pézenas et Béziers.

Dernière modification
10 mai 2016

Dès 2000, un fort potentiel archéologique a été mis en évidence sur ce tracé, et un programme d'interventions archéologiques a été prévu par le Service Régional de l'Archéologie. Ce programme porte sur 186 hectares de terres agricoles et de friches et se subdivise en onze secteurs d'intervention.
L'aire de Valros correspond au seul secteur 3 et comprend sept zones de fouilles archéologiques dont les attributions chronologiques vont du Néolithique moyen à l'Antiquité. Les principaux sites de Valros sont ceux du Pirou (Néolithique), de la vigne de Bioaux et de Rec de Ligno (Antiquité).


L'habitat néolithique du Pirou

Il s'agit d'une aire d'habitat du Néolithique moyen de tradition chasséenne (entre 4 300 et 4 100 avant notre ère). Occupant 2,5 hectares sur le versant sud d'une colline, elle est matérialisée par plus de 300 fosses creusées dans le substrat, utilisées pour la plupart comme des structures de stockage. Elles recelaient des dépôts secondaires variés : objets du quotidien usagés ou brisés, outillage en silex, meules à moudre, restes osseux de faune domestique consommée, rejets cendreux de foyer...
Certaines comportaient également des sépultures individuelles disposées sur le côté, les membres fléchis et accompagnées de vases ou de pendentifs, ainsi que des chiens inhumés selon des modes similaires à ceux des humains. Ces pratiques attestent d'une relation étroite entre l'habitat et certains défunts.
À proximité, un autre ensemble funéraire, constitué d'un coffre et de fosses sépulcrales, pourrait être contemporain de l'aire d'habitat néolithique.
La découverte d'un tel site représente un intérêt majeur pour l'étude des premières sociétés agro-pastorales du Midi de la France.

Les paysages antiques de Valros

Les décapages menés sur 6 hectares ont permis de mettre en évidence une portion du territoire de la cité antique de Béziers. Vignes et vergers délimités par des fossés, haies ou chemins, s'inscrivent dans la centuriation B de cette colonie romaine.
Le vignoble se présente sous la forme de fosses allongées à l'extrémité desquelles était planté un pied de vigne. Ces creusements s'organisent en rangées régulières sur plusieurs centaines de mètres carrés. Cette technique de plantation, décrite par les agronomes romains, est maintenant bien connue dans le sud de la Gaule.
En revanche, la mise au jour de vergers antiques sur de vastes superficies est une découverte archéologique de premier ordre.
Les vestiges correspondent à un maillage de fosses carrées très rigoureusement organisé, abritant chacune un arbuste, probablement fruitier.
Un travail approfondi, couplé à des analyses paléobotaniques réalisées sur les sédiments d'un puits jouxtant ces parcelles, va permettre de restituer le paysage cultivé de l'Antiquité.

La nécropole antique rurale de la Vigne de Bioaux

Le décapage a mis en évidence, au sommet du site de la Vigne de Bioaux, à l'intersection de deux chemins antiques, un petit ensemble funéraire comprenant une vingtaine de sépultures.
Deux dépôts de crémation et des inhumations en fosses parfois en contenant périssable (coffrage en bois, enveloppe souple ou simple couverture en bois) y ont été retrouvés. Les défunts (hommes ou des femmes adultes) reposent sur le ventre ou sur le dos et sont disposés selon des orientations diverses. Des anneaux d'entraves en fer retrouvés autour des jambes de l'un des sujets, attestent de la présence d'au moins un esclave. Le mobilier associé (fragments de vases en céramique, fibule en bronze) permet de dater ces tombes du Ier siècle et du début du IIe siècle de notre ère. On pourrait être en présence de l'une des aires funéraires dépendant de l'établissement rural antique de Rec de Ligno.
L'étude conjointe des aires funéraires, des espaces cultivés, de l'habitat, des chemins et du parcellaire constitue une opportunité exceptionnelle de restitution de la campagne antique biterroise.