Depuis le début du mois d'avril, les archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives interviennent à Magalas (Hérault) sur l'emprise d'un futur lotissement réalisé sous la maîtrise d'ouvrage du groupe immobilier GGL. Les terrains qui font l'objet des recherches sont situés aux abords de la colline de Montfo, connue depuis le début du XXe siècle pour abriter les vestiges d'un oppidum important, fréquenté depuis le premier âge du Fer (VIIIe siècle avant notre ère) jusqu'aux lendemains du changement d'ère, époque à laquelle l'agglomération antique déborde largement sur les pentes de la colline. C'est cette situation particulière qui a conduit l'État (Drac Languedoc-Roussillon, service régional de l'Archéologie) à la prescription d'un diagnostic suivi d'une fouille archéologique préventive.

Dernière modification
19 mars 2021

La fouille en cours révèle l'existence d'une occupation datant de la période romaine (du Ier siècle avant notre ère jusqu'au IVe siècle), sur une surface de près d'un hectare. La nature des vestiges mis au jour est surprenante et éclaire d'un jour inattendu la connaissance des agglomérations secondaires antiques de cette région, située dans un secteur stratégique du territoire de la colonie de droit romain de Béziers, au carrefour de routes conduisant vers l'arrière-pays, le Massif-Central et les rivages de l'Atlantique. 

Le sanctuaire : un temple au sein d'une esplanade

 un temple au sein d'une esplanade
La principale découverte consiste dans les murs d'un sanctuaire public, daté du Ier siècle de notre ère. Un temple, une esplanade de 2500 m² délimitée par un péribole, et un grand portique font l'objet de toutes les attentions.
De plan rectangulaire (9,50 par 5,50 m), le bâtiment réservé au culte comprend deux pièces complémentaires. La plus importante est la cella dont les murs aveugles abritaient la statue de la
divinité ; un porche, ou pronaos, la précédait à l'est et ouvrait sur la galerie périphérique établie au pied des quatre façades.
Le temple prend place dans un vaste espace ouvert entouré de murs dont les tracés restituent les limites précises de l'aire sacrée. Un portique coïncidait avec le côté nord du périmètre. Un mur en grand appareil matérialise encore sa façade sud et portait de vraisemblables piliers nécessaires au support de la toiture.
Deux ensembles de bâtiments ont été reconnus par ailleurs. Ils occupent les deux rives opposées de l'accès principal vers l'esplanade et le temple. Leur étude est en cours, et leur fonction précise ne peut être arrêtée à ce jour. L'hypothèse d'équipements réservés à l'hébergement des pèlerins est, pour l'instant, privilégiée.

Un lieu de culte plus ancien ?

À ce jour, la question reste posée de connaître l'origine du sanctuaire et de vérifier la présence d'un culte plus ancien qui serait associé à l'occupation primitive de l'oppidum proche.
Plusieurs fossés comblés par des fragments d'amphores importées d'Italie ont été reconnus en différents points du site et suggèrent l'identification d'un vaste enclos daté du Ier siècle avant notre ère. La fonction de ces aménagements n'est pas encore connue. Aire domestique, sacrée ? La dernière étape de la fouille s'attachera à répondre à cette question cruciale.

Un atelier de potier

Le site des Terrasses de Montfo semble abandonné dans le courant du IVe siècle. Les traces de fréquentations les plus récentes sont celles liées à un atelier de potier chargé de produire des céramiques à pâte calcaire engobée. Un four a ainsi été observé, qui compte à ce jour parmi les exemplaires les mieux conservés du Midi de la France.
Aménagement : GGL
Contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie de Languedoc-Roussillon
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Olivier Ginouvez, Inrap
Contact(s) :

Cécile Martinez
Chargée du développement culturel et de la communication
Inrap, direction interrégionale Méditerranée
06 87 01 62 86
cecile.martinez [at] inrap.fr