Les deux chantiers de fouille de Saint-Pierre Nord et Sud à Lattes sont situés presque en vis-à-vis, de part et d’autre du chemin rural de Saint-Pierre. Faisant suite aux diagnostics conduits en 2012 dans le cadre du déplacement de l’autoroute A9 et de la création de la LGV, ils couvrent respectivement 13 000 m2 et 2 600 m2.

Dernière modification
22 août 2017

Les vestiges retrouvés se concentrent sur les bords d’un ancien vallon, dont le comblement, après l’occupation antique, a préservé un ensemble funéraire protohistorique original.

Un espace funéraire des Ve et IVe siècles avant notre ère…

Les fouilles font apparaître une série de fossés qui structurent une aire funéraire du début du second âge du Fer. 

 Dans l’emprise Saint-Pierre Nord, un enclos associé à huit structures funéraires a été identifié. Partiellement détruit au nord et à l’est par les aménagements plus tardifs, son fossé délimite un espace rectangulaire orienté nord-ouest/sud-est, de 13 m de longueur pour 6 m de largeur. L’occupation funéraire se compose d’un bûcher aménagé dans le fossé sud-ouest et de sept dépôts qui correspondent soit à des vases ossuaires, soit à de simples résidus de crémation. Des blocs calcaires retrouvés à proximité de ces dépôts pourraient correspondre à des stèles rudimentaires destinées à signaler l’emplacement des tombes. Une stèle anthropomorphe brûlée a été retrouvée dans le bûcher.  

Dans l’emprise Sud, la zone funéraire particulièrement bien conservée est plus développée. Quatre bûchers s’y inscrivent à l’intérieur d’enclos quadrangulaires accolés, dont les dimensions varient entre 25 m2 et 120 m2. Les dépôts de crémation (vases ossuaires ou coffret en matériau périssable) sont généralement localisés à proximité des bûchers, à l’intérieur de chacun des enclos ou dans les fossés. Les éléments métalliques associés à ces tombes se composent de vaisselles (bassin, coupelle, « disques » décorés), d’objets en bronze et d’éléments de parure en bronze, en argent et en or (perles, pendants d’oreille, fibules…) (voir la notice de découverte remarquable sur la sépulture protohistorique). Certaines fibules sont ornées de corail. Parmi les vases se trouvent à la fois des productions locales (céramique non tournée) et des importations grecques (amphores massaliètes et céramiques attiques).   
 

… et sa vigne associée

Un enclos de 100 m2, jouxtant ceux où se développent les tombes, enserre six tranchées de plantation, espacées entre elles d’environ 1,5 m. Ces creusements évoquent des plantations de vigne, comme celles reconnues à Saint-Jean-du-Désert à Marseille.  

La petitesse de ce « clos » permet de proposer une fonction symbolique de cette plantation en lien direct avec les tombes. Il s’agirait plus d’un « jardin » funéraire que d’une parcelle à vocation agricole.  

Un autre enclos de 380 m2 se raccroche, au sud, à cette plantation. Sa destination n’a pas encore été clairement cernée, mais une zone de rejet de céramique vue lors du diagnostic et contemporaine des autres structures funéraires pourrait évoquer la présence d’une tombe.  

La richesse des dépôts associés aux sépultures ainsi que la mise en scène de cet espace funéraire avec ses systèmes de fossés et la présence d’une vigne laisse supposer un statut social probablement élevé des personnes qui y ont été incinérées.  


Des fossés, un dépôt d’armes et les parcelles de l’Antiquité

Entre les milieux du IIe et du Ier siècle avant notre ère, l’enclos protohistorique de la partie nord de la fouille est englobé dans une parcelle délimitée par un fossé de grandes dimensions (au moins 1,50 à 2 m de large et 1 m de profondeur), aux parois évasées et au fond plat. Des tranchées de plantation de vigne occupent la partie orientale de l’espace délimité par ce fossé. L’aire sépulcrale protohistorique, manifestement préservée mais non utilisée à cette période, pourrait témoigner de la mémoire du lieu funéraire.  

Au sud de la route, un dépôt d’armes en fer (élément de bouclier et lance), des fossés délimitant des parcelles et une voie, que le chemin actuel de Saint-Pierre reprend dans ses grandes lignes, constituent les vestiges du Ier siècle avant notre ère. On note également la présence, dans les fossés bordant la voie, de concentrations de fragments de vaisselles à vernis noir produites en Italie entre 450 et 50 avant notre ère, appelées céramiques campaniennes.  

Enfin le Haut-Empire (début du Ier à la fin du IIIe siècle de notre ère) est caractérisé par des fossés parcellaires et par la permanence de la voie, qui pouvait se diriger vers l’agglomération protohistorique et antique de Lattara, située à 2 km au sud-est du site.