A Dambach-la-Ville, Bas-Rhin, la fouille portait sur quatre secteurs discontinus, représentant au total 3 ha, conformément aux prescriptions du service régional de l'Archéologie.

Dernière modification
10 mai 2016

La campagne de fouille, incluant le décapage des 3 ha en 18 jours à l'aide de deux pelles et deux bulldozers, a duré 18 semaines.


Sur les quatre secteurs de fouille, une partie des vestiges, appartenant à un centre rural de production de poteries (céramique commune) et de matériaux de construction (tuiles, briques...) daté de l'époque gallo-romaine, a été mise au jour. Le gisement, dont l'intérêt scientifique de premier ordre a été pressenti au diagnostic, s'est révélé, après décapage, encore plus riche que prévu avec ses quarante fours de potiers, le plus souvent dans un très bon état de conservation, des centaines de trous de poteau, une soixantaine de fosses, deux puits et de nombreux fossés et drains. La découverte de ce centre de production est remarquable dans la mesure où les ateliers de potiers antiques ayant produit des céramiques communes demeurent très mal connus en Alsace.
En effet, la localisation d'officines de céramique commune dans la région s'appuie essentiellement sur des observations ponctuelles réalisées dans les faubourgs antiques de Brumath et de Strasbourg (Koenigshoffen) ou au sein d'une agglomération secondaire à vocation artisanale comme Bourgheim. Par ailleurs, les seules fouilles extensives menées en Alsace dans des officines de sigillée remontent aux années 1909 et 1910 (à Heiligenberg et Ittenwiller par R. Forrer). Le potentiel scientifique de cette opération d'archéologie préventive est donc à ce jour unique en Alsace non seulement en ce qui concerne l'analyse de la construction, du fonctionnement et de l'organisation des fours, mais aussi quant aux productions elles-mêmes (cruches et pots en pâte orangée, pots, jattes et assiettes en pâte grise, tuiles...), qui datent du Ier s. de notre ère.
La reconnaissance de trois phases d'activité renforce l'intérêt du site. La première, qui se situe au tout début du Ier s., est caractérisée par quatre fours à double alandier dans la tradition des fours laténiens. La phase d'activité principale, à laquelle nous rattachons une trentaine de fours de potier et de tuilier de typologie variée, se développe selon toute vraisemblance avant le milieu du Ier s. Elle est suivie d'une troisième phase (encore mal datée) comme en témoigne un petit four qui recoupe un four de la deuxième phase ; deux autres fours, situés à proximité, également de taille modeste, pourraient appartenir à cette ultime phase dont la production serait déjà considérablement réduite.
La fouille manuelle des fours a été rendue nécessaire par la qualité des vestiges et la volonté de procéder à des datations par archéomagnétisme. La variété de leur architecture (formes circulaire, ovale, quadrangulaire, quadrangulaire crénelée, ; sans support axial, à languette, à double languette, à languette en tuiles dressées...) et leur agencement dans l'espace méritaient une étude fine. Ainsi, nous avons pu mettre en évidence une organisation en batterie regroupant entre deux et cinq fours fonctionnant avec une aire de service commune. D'autre part, nous avons identifié trois fours de plan quadrangulaire avec murets latéraux en briques (crues et cuites) et conduits de chaleur, destinés à la cuisson de matériaux de construction. Un four de ce type se distingue par ses dimensions très importantes (plus de 7 m de long uniquement pour l'alandier et la chambre de chauffe) ; un autre a été observé dans une des batteries. Enfin, il faut noter qu'un four de potier contenait encore des récipients appartenant à la dernière cuisson !

Manifestation

Présentation des résultats au colloque de la Sfecag (Blois, printemps 2005).