A Neuville-sur-Sarthe, Sarthe, une équipe d'archéologues de l'Inrap vient de mettre au jour un vaste ensemble cultuel datant de la période gallo-romaine, et plus précisément des trois premiers siècles de notre ère.

Dernière modification
19 février 2016

Cette fouille est menée depuis juin 2010 dans le cadre de l'aménagement de la ZAC de Chapeau, à Neuville-sur-Sarthe. Sur près de 2 ha, ce sanctuaire antique est composé de plusieurs temples (fana) de formes variées - quadrangulaires, polygonales, circulaires - et de dimensions différentes qui sont reliés entre eux par des axes de circulation (chemins et galeries).


Un vaste complexe religieux

Le complexe cultuel de Neuville-sur-Sarthe est divisé en trois zones. À l'ouest, une vaste enceinte quadrangulaire (60 x 40 m) ceint un fanum, temple gallo-romain dans la tradition des temples celtiques qui se sont ensuite monumentalisés. La construction de ce type d'édifice, généralement de plan carré, se caractérise par une pièce centrale dédiée aux divinités, la cella, entourée d'une galerie périphérique où déambulaient les fidèles. Ce fanum principal est un vaste temple de 15 x 15 m. Les quelques fragments d'architecture découverts font penser qu'il s'agit d'un bâtiment de style corinthien aux murs recouverts d'enduit peint. Il est complété de cinq édicules ou « chapelles annexes », de plans carrés ou octogonaux. Une large enceinte ou temenos, constituée de murs maçonnés, délimite cet espace sacré. Un mobilier archéologique abondant, datant du Ier siècle de notre ère, y a été découvert.  

La zone sud est incomplète et présente un grand fanum de plan circulaire de 12 m de diamètre. À ses côtés se situe un temple annexe, plus petit et de plan carré. Une des particularités de ce fanum, outre son plan circulaire, est de présenter une entrée dirigée vers le nord, contrairement à la plupart des temples dont l'entrée est tournée vers l'est. De nombreux trous de poteau à proximité permettent d'envisager la présence d'une pergola d'une cinquantaine de mètres de long magnifiant l'entrée du temple. Le mobilier, plus tardif que le précédent (IIe et IIIe siècles de notre ère) est aussi moins abondant.  

Dans la zone nord, un vaste bâtiment de plan en E (8 x 8 m.) est situé dans l'exact prolongement de l'entrée du fanum principal de la zone ouest. Outre une fonction d'accueil et d'orientation des pèlerins, il servait aussi probablement de logement pour les gardiens ou de lieu de vente d'objets qui devaient ensuite être offerts aux divinités.

Un mobilier riche et diversifié

Les nombreuses offrandes découvertes témoignent de l'importance de ce sanctuaire, lieu de pèlerinage régional situé à quelques kilomètres de la ville antique du Mans. Un riche mobilier du Ier siècle a été mis au jour : nombreuses monnaies et fragments de céramiques romaines, fibules, couteaux, clefs, ainsi que plusieurs offrandes en fer dont un remarquable poignard militaire. Une bague en or incrustée d'une intaille (pierre semi-précieuse de teinte verte) constitue l'un des objets exceptionnels découverts sur le site. Si aucune dédicace à un dieu en particulier n'a été révélée, la présence d'ex-voto ophtalmiques permet d'envisager le culte à un dieu guérisseur.  

La richesse du mobilier, la complexité des plans des structures (et notamment le vaste fanum circulaire dont seulement trois ou quatre exemples comparables ont été fouillés en France) offrent aux archéologues de l'Inrap des perspectives de recherche inédites touchant à la fois aux domaines de l'archéologie, de l'histoire de l'art et des religions. Ce site va certainement marquer l'archéologie régionale des Pays-de-la-Loire pour de nombreuses années.