À Metz, Moselle, l'emprise de l'extension du parking de l'Arsenal, sur 5 000 m2 entre le boulevard Poincaré et l'avenue Ney, est située à 600 m au sud-ouest de la cathédrale, sur l'Esplanade.

Chronique de site
Dernière modification
18 octobre 2019

La fouille archéologique menée par l'Inrap permet d'affiner la connaissance de l'évolution de ce quartier.

La fouille a permis de mettre au jour un tronçon du rempart nord de la citadelle, ou escarpe, ainsi qu'une partie du bastion nord-ouest, le bastion Saint-Pierre. Le rempart est conservé sur 3 m d'épaisseur.  Composé de moellons marno-calcaires et de blocs de récupération liés au mortier de chaux., ce rempart présentait à l'origine un revêtement de briques (récupérées lors de son abandon) régulièrement alternées tous les 4 m avec des blocs en calcaire de Jaumont appareillés en harpe. Plusieurs constructions, dont certaines étagées sur deux niveaux en sous-sol, ont été reconnues dans le périmètre du bastion : un magasin à poudre situé dans la partie centrale, deux casemates (abris militaires) communiquant certainement avec des chambres de tir, et une petite cave.
À l'est du magasin à poudre, un mur de 1,50 m de large datant de l'époque gallo-romaine et orienté nord-sud a été mis au jour. Il a vraisemblablement ancré un bâtiment dans le relief et laisse envisager la présence d'une cave de la même période. Sa relation avec un autre mur parallèle, plus petit, ainsi qu'avec deux autres perpendiculaires permet de penser que ce bâtiment gallo-romain a subi des remaniements durant ses périodes d'occupation. La poursuite de la fouille dans les prochaines semaines du côté du boulevard Poincaré devrait permettre de compléter l'ensemble des informations déjà engrangées sur cet ensemble. Les pages gallo-romaines de l'histoire de la ville seront alors certainement accessibles et étudiées.

Contexte historique et archéologique

La citadelle

L'auteur des plans de la citadelle est un architecte italien du nom de Rocco Guerrino (francisé Roch Guérin), qui travailla sur ce projet en 1560. L'espace concerné par cet ouvrage défensif allait du boulevard Poincaré à l'avenue Ney et de l'avenue Winston-Churchill à l'avenue Foch. Il était constitué d'une zone centrale rectangulaire occupée par plusieurs bâtiments dont le plus bel exemple encore visible à Metz est sans conteste le Magasin aux vivres. Cette partie centrale était entourée d'un rempart maçonné à plan carré, renforcé à chaque angle par un bastion. Des fossés généralement à sec ceinturaient cet ensemble. Certains documents donnent une certaine idée du caractère imposant de cette fortification : le bastion champenois par exemple, situé face à l'évêché surplombait le fond du fossé d'environ 21 m.
Le quartier de l'Esplanade est un secteur anciennement urbanisé, sans discontinuité depuis le Ier s. de notre ère. Les grands changements d'ampleur reconnus concernant ce quartier remontent à la seconde moitié du XVIe s. Suite à l'occupation de Metz par les troupes françaises (avril 1552) et à la riposte de Charles-Quint qui en fit le siège (d'octobre 1552 à janvier 1553), le roi de France Henri II décida le renforcement de l'enceinte médiévale de la ville en fortifiant notamment cette partie des fortifications, la plus vulnérable et la plus éprouvée par le siège qu'elle venait de subir. Le projet de la citadelle naissant assurait ainsi la sécurité de la ville par le sud, un no man's land du côté nord, à l'origine de l'actuelle place de la République, permettant en outre de contrôler les réactions des Messins qui venaient juste de perdre leur indépendance.

La capitale des Médiomatriques

Metz est implantée sur un plateau, à la confluence de la Moselle et de son affluent la Seille. Les premières traces d'occupation remontent à 3 000 ans av. J.-C. Le site est au IIIe s. av. J.-C. la capitale du peuple celte des Médiomatriques auxquels elle devra son nom (Médiomatrices puis Mettis, puis Metz).

Divodurum
Après la conquête de la Gaule par les Romains, Metz est connue durant l'Antiquité sous le nom de Divodurum. L'enceinte antique englobe la ville approximativement de la place Jeanne-d'Arc au nord jusqu'au palais du gouverneur au sud.

Églises, cloîtres et abbayes

Durant le Moyen Âge, de nombreuses églises, cloîtres et abbayes sont édifiés dans la ville. Dans le quartier de l'Esplanade, on peut encore voir aujourd'hui l'église de Saint-Pierre-aux-Nonnains et la chapelle des Templiers.

La physionomie actuelle du quartier de l'Esplanade

La construction de la citadelle et du Magasin aux vivres au milieu du XVIe s. remanie le secteur. La création en 1813 de l'avenue Ney, le long de laquelle s'implante entre 1860 et 1864 un nouvel arsenal, donne au quartier de l'Esplanade sa physionomie actuelle.

L'apport de l'archéologie

L'évolution du quartier de l'Esplanade est aujourd'hui relativement bien connue grâce aux recherches archéologiques effectuées dans le secteur depuis les années 1960 (fouilles de l'Arsenal, de l'École des arts appliqués, du Magasin aux vivres ...). Des thermes publics, un réseau de rues desservant des bâtiments privés de qualité, des activités artisanales comme la poterie donnent une image de ce secteur à l'époque antique.