À Bignicourt-sur-Marne, l'Inrap met au jour les vestiges d'un site carolingien (VIIIe-IXe siècles). Autour des bâtiments construits en matériaux périssables, ont été identifiés de nombreux « fonds de cabane » témoignant d'activités artisanales et agricoles.

Dernière modification
22 octobre 2020

Depuis fin septembre et pour une durée d’un mois, une équipe d’archéologues de l’Inrap réalise une fouille archéologique à Bignicourt-sur-Marne en amont d’un aménagement. Prescrite par l’Etat (Drac Grand-Est), cette fouille s'étend sur une emprise de 3000 m2. Elle permet principalement l’étude d’un site du Haut Moyen Âge, plus précisément de l’époque carolingienne (VIIIe-IXe siècles). 

Des habitats de la période carolingienne

Sur le site, les archéologues retrouvent les traces de plusieurs maisons du Moyen Âge construites en matériaux périssables. Deux maisons d’environ six mètres sur huit semblent fonctionner avec un autre bâtiment en forme d’abside. Pour celui-ci, les chercheurs ont identifié deux trous de poteaux qui devaient supporter, étant donné leurs dimensions, la charpente du bâtiment. Ce premier ensemble de bâtiments, qui daterait de la période carolingienne (VIIIe-IXe siècles) partage une même orientation sur le terrain. Deux autres grands bâtiments, aux empreintes de trous de poteaux plus puissantes, ont été identifiés. D’après les premières observations, ces deux bâtiments supplémentaires, de trois mètres de large sur sept mètres de long, datent également du Moyen Âge mais ne semblent pas contemporains du premier ensemble d’habitats.

Artisanat et agriculture au Moyen-Âge

En complément des maisons, ce sont les vestiges d’une trentaine de « fonds de cabane » qui sont mis au jour par les archéologues. Ces petits bâtiments en matériaux périssables, en quantité non négligeable, révèlent les activités artisanales et agricoles qui étaient menées sur ce site au Moyen-Âge, principalement à l’époque carolingienne (VIIIe-IXe siècles). Deux grands types architecturaux de « fonds de cabane » ont été identifiés : des cabanes construites sur quatre poteaux d’angle ou bien sur deux poteaux en axe central.  Leur taille moyenne est d’environ deux mètres cinquante de côté. Certaines cabanes devaient servir à parquer certains animaux comme devraient l’attester des prélèvements de phosphate dans le sol.
Les prélèvements effectués dans ces « fonds de cabane » permettront de savoir si certains modules servaient d’espaces de stockage et d’identifier les cultures concernées grâce à l’étude des graines (carpologie). L’étude des charbons (anthracologie) pourra renseigner sur les essences d’arbres utilisées pour ces constructions ainsi que sur le couvert végétal / paysage de l’époque. Une fusaïole et plusieurs broches de tisserand en os confirment quant à eux une activité de tissage domestique sur le site.
Les restes d’un bébé ont également été mis au jour dans l’un de ces fonds de cabane. L’inhumation sur le site d’habitat ou à proximité immédiate est courante à l’époque.

Présence de vignes

Les archéologues ont identifié une organisation caractéristique de fosses qui relèvent de la culture de la vigne. Cette zone de plantation, concentrée à un endroit spécifique du site, est probablement plus récente. L’étude pourra le préciser ultérieurement.

Emprise correspondant à une plantation de vignes, aux fosses caractéristiques de la culture de la vigne. Ces fosses pourraient être plus récentes que le Moyen Âge (étude en cours).

Emprise correspondant à une plantation de vignes, aux fosses caractéristiques de la culture de la vigne. Ces fosses pourraient être plus récentes que le Moyen Âge (étude en cours).

©

Estelle Bénistant, Inrap

Aménagement : privé
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Grand-Est)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : David Gucker, Inrap