À Sceaux, l'Inrap a mis au jour les états successifs de l'église Saint-Jean-Baptiste depuis le Moyen Âge et étudié le caveau du duc du Maine, fils légitimé du roi Louis XIV et de la marquise de Montespan.

Dernière modification
15 avril 2021

La campagne de fouille archéologique, menée du 6 janvier au 26 février 2021 par l’Inrap sur prescription de l’État (Drac Île-de-France), a été réalisée dans le cadre des travaux de restauration de l’église Saint-Jean-Baptiste de Sceaux (Hauts-de-Seine) sous la maîtrise d’œuvre de Maillard Architecture et Patrimoine. L’intervention concernait la nef et le chœur de l’édifice en préalable à l’installation d’un chauffage au sol. Les principaux vestiges reconnus attestent l’usage funéraire de l’espace intérieur de l’église et montrent son évolution architecturale au fil du temps.


Des sépultures dans l’église depuis le Moyen Âge

La découverte de sépultures médiévales (XIIIe-XIVe siècle), modernes (XVIe-XVIIIe siècle) et du caveau du duc et de la duchesse du Maine (XVIIIe siècle) confirme l’usage funéraire de l’église. L’espace sépulcral médiéval semble ne concerner qu’une partie de l’église actuelle et correspond à l’emprise au sol de l’édifice des XIIe-XIIIe siècles. En revanche, les sépultures modernes sont présentes dans le vaisseau central et les bas-côtés de l’édifice actuel. Le caveau se trouve au niveau du chœur, face au maître-autel. L’un des squelettes modernes donne à voir une étonnante pratique :  la calotte crânienne est sciée en deux puis repositionnée. Il s’agit là très probablement du témoignage d’un embaumement par éviscération (pour mieux le conserver, on extraie du corps ses parties molles).


 

Le caveau du duc du Maine

Le caveau du duc du Maine, fils légitimé du roi Louis XIV et de la marquise de Montespan, a été retrouvé en parfait état, mais sans sépulture. Construit en 1736, à la mort du duc, il a accueilli trois défunts supplémentaires : Madame de Staal-Delaunay, dame de compagnie de la duchesse du Maine en 1750,  la duchesse du Maine en 1753, et le comte d’Eu, le fils du duc, en 1775. Leurs cercueils ont été retirés en 1794 par ordre de la municipalité. Cependant, la fouille minutieuse du sol du caveau a permis d’isoler plus d’une centaine d’éléments témoignant d’un décor funéraire ornant les cercueils : clous en bronze de type tapissier, clous en fer, restes de tissus de couleur noire, fils d’or.

Évolution architecturale du XIIe au XVIIIe siècle

Des vestiges de l’église des XIIe-XIIIe siècles, notamment l’ancien chœur (murs du chevet plat avec contreforts, bases d’un arc triomphal séparant la nef du chœur), ont été reconnus en plusieurs points. Le sol de l’église, probablement en terre battue à l’origine, est revêtu de plâtre sur radier de pierres au XIVe siècle ou dans la première moitié du XVe. Dans le chœur, des aménagements liturgiques accompagnent cette transformation. On crée des banquettes, réservées au clergé et aux personnalités de haut rang, et un petit autel latéral décoré au pochoir de fleurs de lys.

Vue du petit autel latéral en plâtre avec vestiges de décor peint en rouge sur les faces (fleurs de lys stylisées).

Vue du petit autel latéral en plâtre avec vestiges de décor peint en rouge sur les faces (fleurs de lys stylisées).

© Inrap


Sous l’impulsion du seigneur Jean II Baillet, l’église est agrandie en 1476. Deux travées sont ajoutées à l’est nécessitant la destruction du mur est du chevet et le remaniement intégral du dispositif liturgique du chœur. Puis, en 1530, l’église est en partie reconstruite après un incendie. Enfin, en 1719, un grand chantier de restauration et d’agrandissement est entrepris à l’instigation du curé Baudouin (transformation de la façade occidentale avec ajout d’une travée pour agrandir la nef). Il confère à l’édifice ses dimensions actuelles.

Superposition des états des XIIe, XIIIe, XVe et XVIe siècles de l'église de Sceaux sur le plan actuel.
Aménagement : Ville de Sceaux
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Île-de-France)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Nicolas Warmé, Inrap