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L'or du peuple du bout du monde : découverte d'un trésor gaulois
Une équipe de l'Inrap a récemment mis au jour les vestiges d'une exploitation agricole de l'âge du Fer à Laniscat (Côtes-d'Armor), à l'occasion de la fouille d'un tracé routier. Dans ce contexte a été découvert un des plus importants dépôts monétaires celtiques jamais mis au jour en Armorique.
Les archéologues ont dégagé à Laniscat un grand établissement agricole dont l'implantation remonte au IIIe siècle avant notre ère et perdure jusqu'à la conquête romaine.
Vers le milieu du IIIe siècle avant notre ère, un notable et sa parenté s'installent sur le site de Rosquelfen. Comme c'est l'usage à l'époque, il délimite l'emprise de sa ferme par un enclos composé d'un fossé doublé d'un talus, geste ostentatoire plutôt que volonté défensive. L'ouvrage de plan quadrangulaire couvre 7500 m².
Le site de Rosquelfen
À la conquête romaine, la ferme est profondément modifiée mais l'enclos gaulois a pérennisé l'orientation du parcellaire. L'enclos gallo-romain ne couvre que 1850 m² de l'enclos gaulois mais possède un imposant fossé taluté défensif. En pleine romanisation de l'Armorique, le site semble abandonné au cours du ier siècle de notre ère.
Le trésor de Laniscat
Le trésor de Laniscat se compose de 58 statères et de 487 quarts de statères. Toutes ces monnaies ont été frappées par le pouvoir osisme. Il s'agit du plus important dépôt monétaire jamais découvert en Armorique celtique : 254 monnaies avaient été mis au jour à Kersaint-Plabennec en 1903 (Finistère), 254 à Guingamp en 1934 (Côtes-d'Armor), 184 à Perros-Guirrec en 1933 (Côtes-d'Armor), 53 à Poullaouen en 1853 (Finistère)... Il compte des monnaies rares et des variantes inédites : on relève ainsi la présence de statères du type de Carantec jusqu'ici connus à six exemplaires. Ces monnaies portent à l'avers une tête humaine à gauche, chevelure disposée en grosses mèches. Un double cordon perlé entoure la chevelure et se termine à chaque extrémité par une petite tête coupée. Devant la face, un sanglier. Au revers, un homme monte un cheval non androcéphale à gauche. Il brandit de la main droite une lance et tient, de l'autre main, un bouclier. Devant le cheval, un motif floral. Sous le cheval, un sanglier enseigne.
La composition du métal des monnaies, un alliage ternaire or argent avec une forte proportion de cuivre, confirme la datation tardive du dépôt, durant les années 75-50 avant notre ère.
Ce trésor a d'autant plus d'importance qu'il a été découvert dans son environnement archéologique. Il représente une fortune considérable pour l'époque et renseigne sur le statut du site et de ses occupants. Il permet de reconsidérer le rôle et l'importance des Osismes dans la péninsule bretonne.
Les Osismes
Jules César mentionne ce peuple, allié des Vénètes lors de la guerre des Gaules. On a longtemps pensé que les Osismes, localisés à l'extrémité de la péninsule bretonne, vivaient sous la dépendance de leurs puissants voisins du Morbihan. Or, les données récentes de l'archéologie soulignent au contraire la prédominance de la Cité des Osismes, qui maîtrisait le trafic maritime entre l'Atlantique et la Manche ainsi que des gisements de métaux précieux. Elle contrôlait un vaste territoire, comprenant le Finistère, ainsi que l'ouest du Morbihan et des Côtes-d'Armor.
La découverte du trésor osisme de Laniscat permet de préciser les frontières orientales de cette cité, structurée autour de deux agglomérations fortifiées majeures, les oppida de Huelgoat et de Paule, et d'une série d'agglomérations secondaires, comme Quimper ou Douarnenez.
Région Bretagne, Conseil général des Côtes-d'Armor, Direction régional de l'équipement
Mahaut Tyrrell
chargée de communication médias
Inrap, direction du développement culturel et de la communication
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