La parcelle fouillée avant la construction d'une habitation privée offre l'occasion unique d'étudier le rempart monumental de l'oppidum de Pons, construit sur un épéron rocheux. D'une épaisseur d'environ six mètres, le rempart était bordé d'un fossé de dix mètres de large et de trois mètres de profondeur. 

Dernière modification
19 février 2016

Aux IIe-Ier siècles avant notre ère, l'oppidum de Pons (Charente-Maritime) occupe l'extrémité d'un éperon dominant la confluence de deux rivières, la Seugne et la Soute. Délimité par de fortes pentes et des falaises sur sa moitié sud, l'éperon est barré par une fortification au nord. Celle-ci court sur 1200 mètres de long et revêt l'apparence d'un talus massif de 30 mètres de largeur. La surface circonscrite, environ 100 hectares, place le site parmi les plus vastes oppida de la Gaule de l'Ouest. Au cours des années 1970-1980, l'habitat et la fortification gauloise sont aperçus au hasard de l'expansion urbaine, mais aucune fouille n'a jamais pu être réalisée. En 2008 et 2009, la construction de maisons particulières avenue de Versailles offre aux archéologues de l'Inrap l'occasion unique d'étudier l'architecture et l'histoire de ce monument. 

Le rempart monumental d'un <i>oppidum</i>, en Charente-Maritime
 

Qu'est-ce qu'un oppidum ?

Les oppida sont des habitats groupés faisant fonction de place économique et de centre de pouvoirs politique et religieux. Couvrant des superficies de plusieurs dizaines d'hectares, ils sont fortifiés par un rempart dont le rôle est à la fois défensif, ostentatoire et symbolique. Le phénomène des oppida est l'un des plus importants de la fin de la période celtique (IIe-Ier siècle avant J-C). L'étude de ces sites particuliers révèle la genèse du processus d'urbanisation de l'Europe occidentale au cours du dernier siècle de l'indépendance gauloise, soit plusieurs décennies avant l'essor des villes gallo-romaines. Contemporains de l'éclosion de la notion d'«État» au sein des peuples gaulois, les oppida sont  de véritables villes qui ont cristallisé autour d'elles l'organisation des territoires celtiques, dont l'héritage est parvenu jusqu'à nos jours à travers les civitates gallo-romaines (découpage administratif des provinces), puis les diocèses du Moyen Âge.

Le rempart de Pons

Le rempart de Pons a connu plusieurs états de construction de -200 à-50 av. J.-C. Le monument initial possède des parements interne et externes en pierres enserrant un massif d'argile et de pierres retenu par un poutrage de bois horizontal. Le parement interne est constitué de poutres horizontales (ou longrines), de 0,20 mètre de section, alternant avec des assises de pierres calcaires. Des poutres perpendiculaires aux longrines, mais de section plus faible, (0,12 à 0,15 mètre) et vraisemblablement assemblées à mi-bois, constituent l'ossature interne ancrée dans le massif de terre. Dans son état initial, ce rempart mesurait 6,50 mètres d'épaisseur. Il était doublé à l'extérieur par un grand fossé mesurant 10 mètres de large à l'ouverture pour une profondeur sans doute supérieure à 3 mètres.

Le secteur funéraire

Dans la première moitié du Ier siècle avant notre ère (-50 av. J. C), un espace à vocation funéraire apparaît en avant du rempart, à l'extérieur de la ville. Plusieurs sépultures à inhumation contenant des individus adultes ainsi que des enfants ont pu être fouillées. Les défunts étaient ensevelis en pleine terre dans des fosses de faible profondeur. Le mobilier d'accompagnement est rare et se résume dans le meilleur des cas à la présence d'un bracelet. La mise en évidence d'une petite nécropole au pied de la fortification de Pons vient accréditer l'hypothèse du rôle symbolique du rempart de l'oppidum gaulois. Il matérialise la limite entre le monde des vivants (l'intérieur de la ville) et le monde des morts, regroupés hors de l'enceinte.
Responsable scientifique : Guilhem Landreau, Inrap
Prescription et contrôle scientifique : Service régional de l'Archéologie, Drac Poitou-Charentes
Aménagement : Dominique Jehl (privé)