Dans le parc de Saint-Germain-en-Laye (Ile-de-France), le renouvellement des plantations saccagées par la tempête de 1999, a motivé des recherches sur l'ancien mur de la terrasse haute.

Dernière modification
19 février 2016

Le grand mur de cette célèbre terrasse dominant la Seine supporte, depuis 1663, une longue allée cavalière menant du Château-Neuf au château du Val. Entre le Château-Neuf et le grand rond-point, une seconde terrasse, avait été édifiée dans les mêmes années. Cette terrasse haute formait l'extrémité orientale d'un très grand massif du parc, nommé le Boulingrin. Bien représenté sur les multiples plans anciens du domaine, le Boulingrin comprenait un parterre compliqué de massifs de pelouse et de buis, avec des éléments ronds, tantôt représentés comme des bassins, tantôt comme des massifs. Suivant la règle, le Boulingrin devait être en légère dépression par rapport aux allées qui en formaient le périmètre.

Difficile à entretenir, le Boulingrin disparut dans le courant du XVIIIe siècle, pour être finalement remplacé par un épais massif de marronniers nommé le Quinconce.
Dans le courant du XIXe siècle, le mur de la terrasse haute fut écrêté et disparu derrière des pentes de terre, couvert d'une bande engazonnée.
 

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Les recherches archéologiques

En 2000, un premier diagnostic exécuté par Anne Vatan avait montré la parfaite conservation du mur sous la pelouse. Dès ce moment, l'angle nord-est du rond-point a alors été dégagé. L'opération qui vient d'être entreprise porte sur le dégagement complet du mur sous le contrôle d'un archéologue. Dans la partie sud, deux sondages ont été réalisés afin de préciser la position d'une rampe allant en direction du Château-Vieux. Enfin, sur l'emplacement du Boulingrin, une longue tranchée a été creusée pour reconnaître, en stratigraphie, l'évolution des sols, et tenter d'identifier les niveaux correspondant aux différents états du parc.

Premiers résultats

L'observation du long mur de la terrasse haute montre un ouvrage de très grande qualité édifié en plusieurs phases. La rampe, côté sud du mur, a été localisée, mais aucun vestige ne subsiste, le tout ayant été récupéré lors de sa suppression au début du XIXe siècle.
L'identification du sol du Boulingrin est moins assurée, alors même que le niveau de la forêt primitive est bien visible. Certes, un gros niveau sableux et poussiéreux peut être défini comme tel, mais la berge en pente gazonnée suggérée par les plans et les traités de jardinage n'a pas été identifiée. Cette disparition peut être expliquée par le bouleversement du sous-sol lors de la plantation de rangées d'arbres dans des tranchées récentes.
Le sol du Boulingrin aurait pu également être au niveau du sol actuel, et les traces bouleversées par la plantation et l'arrachage des marronniers du Quinconce. Mais cela aurait impliqué que les allées périphériques soient plus hautes qu'actuellement, ce qui s'avère impossible.

L'archéologie et la restauration des parcs et jardins

Ce chantier montre le grand intérêt de l'étude archéologique des parcs et jardins.
La question des éléments circulaires, massifs ou bassin, indiqués sur les plans anciens du Boulingrin est assez délicate et ouvre le débat sur la nature même des objets représentés. Etaient-ils basés sur la réalité ou constituaient-ils des plans à l'état de projet ? La certitude des faits fournis par les textes et représentations doit-elle être modulée par la lecture du terrain faite par l'archéologue ? L'analyse de l'archéologue apparaît ainsi étroitement complémentaire de la démarche de l'architecte dans le projet de restauration des ensembles complexes que sont les parcs et jardins.
Responsable d'opération : Marc Viré, ingénieur d'étude et de recherche, chercheur au C.N.R.S. (U.M.R. 8589)
Topographie et S.I.G. : Philippe Lenhardt, chargé d'étude et de recherche, architecte D.P.L.G.
Etude des sols : Christian David, assistant d'étude et de recherche.