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Sur les traces des premières occupations de Saint-Paul à La Réunion
Une équipe d’archéologues de l’Inrap mène actuellement une fouille préventive à Saint-Paul sur une emprise de 5200 m2. Les vestiges qui sont mis au jour précisent l’occupation de ce secteur aux XVIIIe et XIXe siècles.
La fouille prend place au pied d’un éperon dans les falaises de basalte qui surplombent l’entrée sud de la ville, à quelques centaines de mètres d’une première opération menée en 2018 par l’Inrap, Route des Premiers Français. Le site présente de nouveau les vestiges d’une occupation agricole, localisée en bordure d’un hôpital mentionné dès le début du XVIIIe siècle dans les sources iconographiques. Les objectifs de la fouille actuelle répondent à plusieurs enjeux : établir la nature et le plan du site, comprendre les occupations successives et caractériser les activités agricoles. En effet, la présence de cuves maçonnées (découvertes également dans l’emprise de la fouille voisine) cristallise de nombreuses interrogations au sujet de la nature des cultures et de leur transformation. La fouille a mis au jour un long fossé nord-sud scindant l’emprise qui pourrait matérialiser une ancienne limite entre deux parcelles.
Localisation de la fouille : vue depuis les hauteurs de Saint Paul.
© P. Thiolas, Inrap
Le grand bâtiment construit au XIXe siècle, vu depuis son angle sud-ouest.
© P. Thiolas, Inrap
Trou de poteau en cours de nettoyage.
© P. Thiolas, Inrap
Les vestiges d’une occupation agricole
La parcelle à l’est présente plusieurs séries de fossés (nord-sud et est-ouest) qui dessinent une trame orthogonale régulière, des trous de poteaux et des fosses (vestiges de bâtiments en bois ainsi que de plantations).
Vue générale du petit bâtiment semi-enterré dans la parcelle ouest.
© L. Bernard, Inrap
La partie sud est occupée par un bâtiment semi-enterré, dont les murs sont montés en pierres sèches. Il semble avoir fonctionné un temps avec une première canalisation nord-sud, également construite sans mortier. Une petite cuve est partiellement conservée à proximité.
Dans un second temps, une nouvelle canalisation, cette fois maçonnée, est venue se raccorder sur le mur nord du bâtiment et se poursuivre vers le nord où elle se connecte à une petite cuve circulaire qui pouvait servir de réservoir. Deux rainures dans les pierres de sa maçonnerie servaient à recevoir la vanne qui bloquait l’écoulement vers le nord.
Le mur nord du petit bâtiment et le raccordement de la canalisation en mortier.
© L. Bernard, Inrap
Deux fossés recroisés sur la première zone. Une canalisation postérieure en terre cuite (fin XIXe siècle), témoigne d’une continuité d’occupation sur la zone.
© J. -B. Lauwereys, Inrap
Le petit puits fonctionnant avec la canalisation maçonnée.
© J. -B. Lauwereys, Inrap
Une dépendance de l’hôpital ?
La parcelle à l’ouest présente une organisation agricole similaire, articulée autour d’une même trame de fossés et de fosses complétés par deux cuves. En son centre, les vestiges d’un grand bâtiment ont été mis au jour. La présence d’une brique estampillée dans la maçonnerie suggère une construction au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Très perturbés par les terrassements récents, ses sols n’ont pas été conservés. Seul un possible escalier, localisé au sud, donne une idée de son niveau de circulation. Les sources iconographiques actuellement rassemblées ne semblent pas indiquer ce grand bâtiment qui pourrait correspondre à une dépendance de l’hôpital, mentionné dès 1732.
Le grand bâtiment construit au XIXe siècle, vu depuis son angle sud-ouest.
© P. Thiolas, Inrap
La fouille en cours et l’analyse des vestiges devraient permettre de mieux appréhender ces deux occupations. Une série de prélèvements est également prévue pour analyses afin de cerner la nature des cultures et caractériser la fonction des cuves maçonnées.
Contrôle scientifique : Direction des affaires culturelles de La Réunion, Service régional de l'archéologie
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Pierre Thiolas, Inrap