À la Bâtie-Montsaléon, l'Inrap a mis au jour en 2010 un enclos votif d’époque romaine ponctué de petits temples d’origine celtique et d’un mobilier associé. Une nouvelle campagne de fouille vient enrichir les connaissances sur cet ensemble cultuel.

Dernière modification
03 décembre 2021

En 2010, à la Bâtie-Montsaléon, les équipes de l’Inrap ont mis au jour, lors d’une fouille d’archéologie préventive, un enclos votif d’époque romaine ponctué de petits temples d’origine celtique et d’un mobilier associé, attestant d’une occupation continue durant six siècles (du Ier siècle avant notre ère au Ve siècle de notre ère).
Une nouvelle campagne de fouille, prescrite de mars à mai 2021 par le Service régional de l’Archéologie (Drac PACA) sur le terrain adjacent, permet aujourd’hui aux archéologues d’enrichir les connaissances sur cet ensemble cultuel.

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Vue aérienne de la fouille de La Bâtie-Montsaléon (fouille 2021)

© Inrap

 

Une aire sacrée et des temples

En 2010, les chercheurs de l’Inrap avaient mis en évidence la fonction cultuelle du site. Confirmée par les vestiges dégagés lors de cette nouvelle campagne de fouille, cette grande aire sacrée (temenos) est composée de petits temples (fana) à pièce unique (cella) parfois entourés d’une galerie.
Deux états successifs ont été dégagés. Le premier état, assez lacunaire, a pu être daté de la fin du Ier siècle avant notre ère, grâce à l’étude du mobilier qui a permis d'émettre l’hypothèse d’une première installation à cette période. Le second état, quant à lui, est daté du IIIe siècle de notre ère, au plus tard. 

Des offrandes remarquables

En 2010, le mobilier archéologique lié au fonctionnement de cette aire sacrée était abondant, mais toujours découvert à l’extérieur des cellae, pièces dont l’usage était réservé aux prêtres. Des lampes à huile en grand nombre, des fragments de miroirs en bronze, des tôles percées, monnaies de faible valeur, ont d’ailleurs été retrouvés disséminés dans le temenos. Une fosse rituelle (favissa), liée au nettoyage de l’intérieur du temple, a ainsi livré une quarantaine de lampes à huile parfaitement conservées.

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Lampe à huile trouvée sur le site de la Bâtie-Montsaléon (fouille 2010)

© Inrap

Lors de cette nouvelle campagne de fouille, les archéologues de l’Inrap ont mis au jour deux ensembles de deux urnes à couvercle (ollae), dépôts situés de part et d’autre de l’entrée d’une cella et qui affleuraient le sol de circulation. D’autres urnes, toujours par paire, sont réparties dans la cour sur laquelle s’ouvrent les petits temples. Leur état de conservation est remarquable et les analyses des archéologues devraient permettre d’identifier quel type d’offrande elles ont pu recueillir (vin, huile, viande, encens, etc.).

Mons Seleucus, lieu de pèlerinage

À cet ensemble votif (aire sacrée et temples) sont associés des espaces d’habitat plus ou moins denses. À proximité immédiate du péribole ou peribolos (enceinte sacrée), un quartier a pu être interprété comme une auberge destinée aux pèlerins. D’autres découvertes archéologiques, pour certaines plus anciennes (remontant jusqu’au début du XIXe siècle), ont permis de montrer que l’ensemble cultuel s’inscrit dans un espace urbain plus large : probablement des thermes, des demeures richement décorées, des chais ainsi qu’une nécropole.

La cité antique de Mons Seleucus, installée à un carrefour de voies de circulation nord-sud (Sisteron-Grenoble) et est-ouest (Italie-vallée du Rhône), a vu transiter des biens et des personnes venant de l’ensemble de l’Empire romain. Ainsi, certaines offrandes sont sans doute à rattacher aux cultes païens du peuple gaulois des Voconces, qui occupait alors la région. D’autres provenant de beaucoup plus loin (Lyon, Nîmes Trêves ou Thessalonique) pourraient, en revanche, témoigner d’une circulation de marchands ou de soldats faisant le lien entre la frontière germanique (le limes) et les parties plus orientales de l’Empire.

Aménagement : Privé
Contrôle scientifique : Service régional de l’Archéologie (Drac PACA)
Recherche archéologique : Inrap
Responsable scientifique : Lucas Martin, Inrap