À Crest, l'Inrap a fouillé une halte de chasse implantée sur une haute terrasse alluviale (240 m d’altitude) dominant la vallée de la Drôme. Grâce aux nombreuses études et analyses, les archéologues mettent aujourd’hui en évidence l’organisation de ce campement éphémère du Paléolithique supérieur, daté entre 28 000 et 26 000 ans.

Dernière modification
16 février 2021

Le site préhistorique de Crest (Drôme), fouillé en 2018 sur prescription de l’État (Drac Auvergne–Rhône-Alpes), est actuellement l’objet de recherches livrant d’importants résultats sur une période majeure du Paléolithique supérieur : la culture gravettienne. Présente en Europe occidentale et centrale, celle-ci se développe entre 33 000 et 22 000 ans avant notre ère.
 

Le niveau gravettien, vue du nord.

Le niveau gravettien, vue du nord.

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Inrap

Autour des foyers

Enfoui sous un mètre dans un sol de limons calcaires (« lœss »), le gisement se compose d’une seule occupation, préservée par des conditions d’enfouissement favorables. Au sein d’une aire de 100 m2, le site se structure autour de deux foyers plus ou moins circulaires. Ces derniers sont constitués essentiellement de blocs calcaires. Des deux foyers, le premier, retrouvé éclaté et démantelé aurait fonctionné le plus longtemps. Des analyses réalisées sur le second révèlent une combustion peu intense et de courte durée. Les deux foyers recelaient des esquilles de faune, témoignage probable de l’emploi d’ossements en guise de combustible, une pratique caractéristique de la culture gravettienne. Des analyses micromorphologiques indiquent qu’il s’agissait de foyers en cuvette.


Un ensemble de 1106 silex taillés a été recueilli autour des foyers, nucléus, lames brutes, lamelles, éclats et déchets d’armature… Les chasseurs-cueilleurs du Gravettien, très exigeants en matières premières, sont arrivés avec des outils mais également avec des petits blocs de silex de très bonne qualité (silex bédoulien), qu’ils ont taillés sur place afin de produire des pointes pour les activités de chasse. Ces armatures dénommées « pointes de la Gravette » et « microgravettes », de débitage rectiligne et destinées à être emmanchées sur des sagaies, sont les éléments caractéristiques de la culture gravettienne. Parallèlement, l’étude tracéologique met en évidence que d’autres outils ont été employés pour le travail des peaux et du bois.


Le nombre relativement restreint de pièces lithiques, le faible degré d’usure des outils (attesté par les tranchants coupants), les niveaux peu élevés de chauffe des foyers, tendent à indiquer une occupation de courte durée : la halte de chasse d’une petite communauté gravettienne évoluant sous un climat périglaciaire et rigoureux, dans un paysage ouvert composé d’herbacées, de buissons et parsemé de pins.

Une période majeure : le Gravettien

Le Gravettien est la deuxième grande culture européenne du Paléolithique supérieur et succède à l'Aurignacien qui caractérise l’arrivée de l’Homme moderne en Europe. Cette culture doit son nom au site de La Gravette (Bayac, en Dordogne). Datée d'entre 33 000 et 22000 ans avant notre ère, elle s’étend en Europe durant une période glaciaire. Les préhistoriens perçoivent cette culture comme une société complexe, mobile sur de très grandes distances et développant d’importants savoirs technologiques. C’est durant la période gravettienne qu’émergent d’extraordinaires représentations féminines, les « vénus ». l’Inrap en a récemment découvert d’exceptionnels exemplaires: les « Vénus d’Amiens-Renancourt ».
 


En cours de découverte, une armature (gravette) dans le niveau gravettien.

En cours de découverte, une armature (gravette) dans le niveau gravettien.

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Inrap

Aménagement : Particulier
Contrôle scientifique : Service régional de l’archéologie (Drac Auvergne – Rhône-Alpes)
Recherche archéologique : Inrap
Recherche archéologique : Mahaut Digan, Inrap